2.2.2.2 Moutons et chèvres de Syrie

Chez les tribus moutonnières actuelles de Syrie, selon J. Weulersse (1946, p. 166), il n’existerait pas réellement de sélection rationnelle, orientée vers la constitution de races spécialisées dans la production de lait, de viande ou de laine, même si certains modes d’exploitation sont favorisés dans ces économies pastorales (cf. Yédid, 1978) 16 . La majorité des moutons appartient cependant à la race « ‘awassi », une variété rustique d’assez grande taille (70 à 80 cm au garrot) et à « queue grasse », bien adaptée à la chaleur et aux longues marches en terrain plat. Les chèvres sont élevées essentiellement pour la production de lait et de poil (D’Hont, 1994), celui-ci étant employé surtout pour fabriquer les tentes des bédouins. D’après W. Lancaster et F. Lancaster (1991), ces animaux supportent naturellement mieux la chaleur et la sécheresse que les moutons mais, inversement, sont plus vulnérables face au froid et à l’humidité.

Dans le PPNB final de la Palmyrène, à El Kowm 2 et à Qdeir 1, la physionomie des caprinés domestiques est mal connue et présente certainement des différences par rapport aux populations actuelles. L’analyse des restes osseux indique néanmoins que les animaux étaient généralement de grand format (Helmer, 2000b), même si une diminution sensible de la taille des moutons est observée dans les niveaux supérieurs d’El Kowm 2. Les élevages comportaient plus de moutons que de chèvres d’après les proportions estimées : 1 chèvre pour 4 moutons à El Kowm 2, 1 pour 7 environ à Qdeir 1 (Helmer, op. cit.).

Dans notre étude de la saisonnalité, seules les dents jugales inférieures ont été prises en compte. La distinction entre Ovis et Capra à partir de ces éléments n’est pas aisée, mais les critères morphologiques relevés par S. Payne (1985), D. Helmer (2000b) et P. Halstead et al. (2002) semblent fiables, du moins pour les déciduales et les P4. La plupart des mandibules néolithiques, ainsi qu’un certain nombre de dents isolées (exclusivement les D4 et les P4), ont pu être attribuées à l’une ou l’autre des espèces grâce à ces critères. Ces données, même partielles, permettent d’étudier les différences éventuelles qui peuvent exister au niveau de l’exploitation des chèvres et des moutons.

Notes
16.

Pour autant, une telle pratique n’est pas inconnue des éleveurs du Proche-Orient puisque le cheval et le dromadaire font depuis longtemps l’objet de soins contrôlés en matière de sélection génétique.