2.2.3.3 Estimation de l’âge et profils de mortalité

L’estimation de l’âge des équidés de Mureybet s’appuie sur la méthode proposée par P. Fernandez et S. Legendre (2003), d’après les données de références de M. Levine (1982). Nous avons pris en considération toutes les jugales déciduales et définitives, supérieures et inférieures, comprises dans le matériel archéologique et dont la hauteur du fût pouvait être mesurée. Pour chacune, un âge théorique a été calculé à l’aide des équations ou des dates d’éruption dentaire fournies par P. Fernandez et S. Legendre (op. cit.). Ces estimations ont été reportées dans une série de 8 classes (A à H) de 3 ans d’amplitude 35 (0-3 ans, 3-6 ans, etc.), en divisant proportionnellement les individus en fonction des intervalles de confiance préconisés par les auteurs. Cette fois-ci, contrairement aux profils établis pour les gazelles et les caprinés, les fréquences ne sont calculées qu’à partir du nombre de dents (ND) et non pas à partir du nombre minimum d’individus.

L’application de cette méthode sur un matériel hétérogène du point de vue spécifique et où, par ailleurs, les équidés en question sont pour la majorité de taille inférieure à celle des chevaux, est critiquable. Il est possible, en effet, que les âges que nous ayons calculés soient surestimés, en raison d’une hypsodontie peut-être plus faible chez les équidés de Mureybet que chez les chevaux préhistoriques et actuels. Cependant, il existe à ce jour peu de référentiels modernes suffisamment précis qui permettraient d’estimer l’âge des ânes ou des hémiones à partir des jugales. Nous n’avons pas employé la méthode de P. Ducos (1970) parce que les données modernes sur lesquelles il se base n’ont pas été publiées dans le détail. Le référentiel de N. A. Misk et S. M. Seilem (1997) sur les ânes domestiques nous a servi pour déterminer la saisonnalité (supra), mais nous n’avons pas cherché à l’adapter pour l’élaboration d’une nouvelle méthode d’estimation de l’âge à partir des jugales en tentant, par exemple, de trouver la relation précise entre les hauteurs radiographiques et les hauteurs de la couronne. Nous garderons donc à l’esprit que les estimations des âges d’abattage obtenus ne sont peut-être pas correctement calibrés avec les âges réels des individus mais les profils restent pertinents pour une étude comparative (en vase clos) de la structure générale démographique des équidés. Faute d’échantillons suffisants, cette méthode n’a pu être appliquée jusqu’à présent que sur les assemblages des différentes phases d’occupation de Mureybet, ainsi que sur ceux du site de Cheikh Hassan (niveaux PPNA, étude non comprise dans cette recherche).

Notes
35.

D’après C.A. Spinage (1972), l’espérance de vie d’un zèbre est de 24 ans environ (28-29 ans en captivité).