Relation NR/NMI

La relation entre le NR et le NMI varie de manière exponentielle selon la taille de l’échantillon : plus celle-ci est importante, plus le rapport NMI/NR est petit (e.g. Uerpmann, 1973 ; Poplin, 1976 ; Casteel, 1977 ; Grayson, 1979, 1981). Il découle de cette relation que le NMI aurait tendance à surestimer les espèces peu abondantes en restes tandis que le NR surestimerait les espèces les plus abondantes, et vice versa. Aussi, les proportions spécifiques établies à partir du NMI sont, en règle générale, différentes de celles basées sur le NR. Même le classement des taxons par ordre d’importance est susceptible de varier selon les paramètres utilisés (Grayson, 1979).

Du point de vue conceptuel, si le NMI est le nombre minimum d’individus représentés par au moins un reste dans un échantillon donné, le NR en est en principe le nombre maximum. Le nombre réel d’individus (NRI) se situe donc quelque part entre ces deux valeurs. Malheureusement, comme la relation entre le NR et le NMI est de nature polyfactorielle et comme les facteurs en jeu ne sont pas toujours constants (Poplin, 1976), plus les écarts sont grands, plus il est difficile d’estimer la distance séparant le NRI des limites calculées (cf. Turner et Fieller, 1985, contra Horton, 1984). Sur ce point, examinons rapidement l’exemple de l’avifaune de Jerf el Ahmar (Fig. 3.2). La mise en correspondance du NMI et du NR pour quelques taxons montre deux axes divergents selon un rapport d’environ 1/10 pour la plupart des oiseaux et un autre rapport d’environ 1/18. Ainsi, le vautour fauve (G. fulvus) et la grue cendrée (G. grus) ont fourni relativement plus de restes par sujet que le francolin (F. francolinus) et les oies clairement identifiées (A. anser et A. albifrons). La Qsp n’ayant pas d’incidence chez les oiseaux 71 , les facteurs responsables de ces divergences sont la fragmentation, la conservation et/ou la récolte différentielles qui semblent avoir opéré inégalement selon la taille des espèces (la grue et le vautour étant ici les plus grandes, à l’exception de l’outarde barbue, Otis tarda). La détermination différentielle a certainement aussi un rôle important puisque le rapport calculé à partir de la totalité des restes d’oies (Anser spp.), en comptant ceux qui ont été identifiés seulement au niveau générique, ne correspond plus à celui du francolin mais plutôt à ceux du vautour et de la grue. Dans cette situation, il est donc difficile d’évaluer si les francolins présents dans l’échantillon sont réellement plus abondants que les oies (toutes espèces confondues), ou vice versa.

Notes
71.

Seul le nombre de vertèbres et de côtes varie suivant les espèces mais ces éléments permettent rarement une identification taxinomique.