Autres paramètres de quantification osseuse

Un autre paramètre employé en archéozoologie est le « poids » d’os (Pds) qui consiste à peser les restes identifiés pour chaque taxon (Kubasiewicz, 1956, in Uerpmann, 1973). Il a été notamment critiqué par R. E. Chaplin (1971) et R. G. Klein et K. Cruz-Uribe (1984), en raison des variations de la densité osseuse qui peuvent exister entre les éléments squelettiques d’un même animal et entre les espèces, et en raison du degré de minéralisation qui varie suivant les sites voire entre deux unités stratigraphiques d’un même site. Difficile à interpréter, le Pds peut être cependant une donnée complémentaire dans la quantification de l’assemblage (Poplin, 1977 ; Vigne, 1988).

Certains auteurs ont cherché également à contourner les inconvénients des paramètres précédents en utilisant des méthodes statistiques permettant selon les lois de la probabilité d’estimer le nombre d’individus présents au stade supérieur de l’histoire taphonomique, i.e. au niveau de l’assemblage potentiel. Ces méthodes sont en général issues du champ de recherche écologique qui s’intéresse à la dynamique des populations animales. Nous renvoyons à l’article de J.-P. Brugal et ses collaborateurs (1994) pour l’exposé de leurs principes. L’indice de Petersen (ou de Lincoln) est certainement le plus connu et a fait l’objet de nombreux commentaires (Casteel, 1977 ; Grayson, 1979, 1984 ; Fieller et Turner, 1982 ; Ducos, 1984 ; Klein et Cruz-Uribe, 1984 ; Ringrose, 1993). Le problème majeur de cet indice et des autres qui lui sont apparentés est celui de la transposition des unités écologiques (les animaux vivants) à des unités osseuses (les éléments squelettiques appariés ou non). La validité de cette transposition ne peut être vérifiée et souffre de la fragilité des arguments théoriques. D’autre part, la nature multiplicative de l’indice de Petersen le rend plus vulnérable que d’autres paramètres aux fausses identifications (spécialement des appariements individuels), à la fragmentation, et à tout ce qui résulte de la non-représentativité de l’échantillon par rapport à l’assemblage fossile (Ringrose, 1993). Il faut ajouter que les appariements ne sont possibles que sur certains éléments et qu’ils sont eux-mêmes à considérer avec prudence. Son usage pour les restes d’oiseaux est à rejeter pour cette raison. Récemment, d’autres méthodes statistiques sont apparues (e.g. Rogers, 2000) mais elles nécessitent encore d’être évaluées par différents spécialistes pour éviter de les appliquer sans discernement à n’importe quel assemblage.