Traces d’outils

L’analyse des traces produites sur les os par l’outillage lithique fournit parfois des renseignements directs sur les manipulations opérées sur la carcasse animale. Elle s’est principalement développée sur les mammifères à propos des pratiques de boucherie dont ils ont fait l’objet (e.g. Binford, 1980 ; Shipman et Rose, 1983 ; Delpech et Villa, 1993, cf. les différentes contributions rassemblées dans le premier numéro spécial d’Anthropozoologica, 1987). Dans le cas particulier des oiseaux, cette question a été parfois abordée dans des études d’avifaunes préhistoriques (e.g. Villette, 1983 ; Pichon, 1984 ; Lefèvre, 1989) et plusieurs études récentes lui ont été presque entièrement consacrés (Gourichon, 1994 ; Lefèvre et Pasquet, 1994 ; Eastham, 1998 ; Laroulandie, 1998, 2000).

En fonction de la localisation de ces marques, de leur aspect et de leur récurrence, des procédés de boucherie peuvent être identifiées (Gourichon, 1994 ; Laroulandie, 2000). Notons au préalable que ce type d’étude est limitée par le fait que les traces observables sont des épiphénomènes : derrière l’outil, l’intention première n’est pas de marquer l’os sauf dans le cas de l’exploitation de la matière osseuse. Sans en exposer ici les arguments, la plupart des études sur le sujet s’accordent à distinguer quatre catégories principales de stries osseuses (Laroulandie, ibid.) :

Dans le cas des oiseaux, le prélèvement des plumes n’exige pas un traitement des carcasses qui laisserait des traces visibles sur le squelette. Seules le raclage des rémiges au niveau des ulnas et des carpométacarpes ou le démembrement précis de l’avant-bras et de l’extrémité des ailes est susceptible de fournir des présomptions en faveur d’une telle pratique. Nous devons ajouter enfin que de fines incisions entourant certaines diaphyses ou portées par le crâne ou les côtes sont des indices potentiels du prélèvement de la peau.

D’un point de vue méthodologique, l’étude des traces anthropiques doit normalement s’accompagner d’une mise en correspondance des régions anatomiques observées et des témoins. On ne peut en effet conclure, par exemple, que les ulnas n’ont pas été incisées si ces éléments sont rares dans les assemblages, ou si les épiphyses sont absentes.