Degré de sociabilité 

La densité locale des populations, les distances interindividuelles, l’effectif des individus lors des rassemblements diurnes, le caractère grégaire de certaines espèces sont autant de paramètres qui entrent en jeu dans la chasse aux oiseaux. Les techniques et les stratégies de chasse en dépendent directement ainsi que les chances de capture. Ces caractéristiques sont toutefois difficiles à définir pour une espèce et un lieu donnés car elles se rapportent pour une grande part aux données comportementales et non plus physiologiques comme dans le cas de l’habitat préférentiel et le format.

Nous avons néanmoins tenté d’introduire une troisième variable pour mieux apprécier les modalités d’acquisition des oiseaux : le degré de sociabilité. Il peut être utile, en effet, de déterminer si la chasse s’orientait plus sur des espèces grégaires que sur les espèces solitaires, dans un intérêt apparent de rentabilité immédiate, ou si, au contraire, ce critère n’entrait pas du tout en ligne de compte. Enfin, de ce point de vue, des changements pourraient être perceptibles au cours des périodes étudiées. Pour simplifier, nous avons choisi de retenir trois catégories spécifiques en nous basant sur les comportements sociaux qui sont le plus généralement observés chez des individus au sol ou sur l’eau :

  1. Les espèces où les individus vivent habituellement en solitaire ou par couple, comme c’est le cas chez de nombreux rapaces diurnes.
  2. Les espèces grégaires où les individus vivent en petits groupes dont l’effectif dépasse rarement la dizaine (e.g. perdrix chukar et francolin noir, sarcelle marbrée, tourterelle des bois).
  3. Les espèces grégaires où les grands rassemblements sont fréquents (e.g. oies, nombreuses espèces de canards, nombreux limicoles).

La seconde catégorie est la moins évidente à établir et il se peut que nos attributions ne soient pas toujours pertinentes (Tabl. 3.2). Au préalable, nous avons considéré surtout le contexte régional et les situations les plus propices à la chasse (i.e. de jour et sur les lieux où la nourriture est recherchée et consommée par les oiseaux). Ce modèle méthodologique est provisoire et devra être affiné à l’avenir mais il permet tout de même d’aborder la chasse aux oiseaux sous un angle qui n’avait pas encore été exploré.