4.1.3 Domaine technologique et culture matérielle

Industrie lithique 113

Parmi d’autres facteurs, le silex de très bonne qualité que l’on trouve sous forme de rognons de taille variable à la base de certaines falaises de craie bordant la vallée de l’Euphrate, a certainement orienté le choix de l’implantation du site par les premiers occupants.

L’outillage de la phase IA est dominé par les segments microlithiques à dos exclusivement abrupt. S’y ajoutent de nombreux microperçoirs et mèches, quelques lames à bord lustré (lames-faucilles), des pointes pédonculées, des burins, des grattoirs, et des outils lourds comme les pics et les herminettes. Cette industrie peut être rapprochée de celle du Natoufien du Levant sud, mais présente des caractères originaux qui ont permis de parler de Natoufien de l’Euphrate (Cauvin M.-C., 1991).

Par définition, les premières pointes de projectiles apparaissent à la phase IB, à côté toutefois d’un outillage microlithique peu différent du précédent. Cet armement comprend des pointes à encoches (pointes de type El Khiam), pédonculées dans certains cas, et des petites pointes simples à pédoncule.

Durant la phase II, les segments géométriques se font rares tandis que les microperçoirs et les pointes de flèches se multiplient. L’étude de M.-C. Cauvin (1974) a montré une évolution des pointes de projectiles des niveaux I à VIII correspondant à la phase II de J. Cauvin : les pointes d’El Khiam prédominent à la base alors que la proportion s’inverse au sommet en faveur de tous les autres types de pointes. Le polissage de la pierre est attesté à la fin de cette phase sous la forme de curieux objets, les « bâtons polis » (infra), dont la fonction est probablement cultuelle et que l’on retrouvera plus fréquemment dans le PPNA du Moyen Euphrate.

A partir de la phase III, le débitage laminaire s’oriente préférentiellement sur l’exploitation des nucléus naviformes en même temps que disparaissent les microlithes. Les pointes de flèches, surtout celles à pédoncule, augmentent en quantité relative et leurs dimensions s’allongent. Les lames-faucilles lustrées et les herminettes sont toujours présentes aux côtés des grattoirs et des burins, plus nombreux que dans les phases antérieures.

Dans le PPNB ancien, l’industrie lithique est dans la continuité des évolutions technologiques annoncées dès la phase IIIB avec l’association d’un débitage unipolaire et d’un débitage bipolaire (Abbès, 1997), mais l’armement en diffère quelque peu (Cauvin M.-C., 1974). Ainsi, les pointes sont de type Byblos ou pédonculées à retouches lamellaires envahissantes, leur longueur moyenne étant supérieure à celle observée dans le PPNA (Cauvin, 1997).

Au PPNB moyen, enfin, on note une plus grande variété de l’armement (pointes de Byblos, ovalaires, etc.) parallèlement à une augmentation nette des dimensions des lames (Cauvin M.-C., 1974). La technique de débitage laminaire, même si les principes ne changent pas, se perfectionne (Abbès, op. cit.). Les nucléus à crête postéro-latérale font leur apparition à côté des nucléus naviformes déjà connus. L’outillage principal comprend des perçoirs sur lames, de nombreux burins et quelques lames-faucilles denticulées.

L’obsidienne est présente en petite quantité dans l’industrie lithique depuis la première phase d’occupation et devient relativement plus abondante dans les niveaux supérieurs. C’est une matière première exogène qui témoigne d’échanges entretenus avec les régions anatoliennes dès le Natoufien (Cauvin M.-C. et al., 1998).

Notes
113.

Les résultats présentés s’appuient presque exclusivement sur les travaux antérieurs aux récentes révisions qui seront publiées dans la monographie (Réf. ?).