4.1.6 Données archéobotaniques

Mureybet reçoit actuellement des précipitations annuelles moyennes de 200 millimètres. D’après les datations, les occupations préhistoriques couvrent grosso modo le Dryas récent pour les niveaux natoufiens et khiamiens puis le début du Préboréal pour les phases suivantes. Ainsi, les analyses polliniques réalisées par Ar. Leroi-Gourhan (1974) indiquent une augmentation de l’humidité à partir de la phase III et reflètent l’expansion du couvert arboré à l’ouest et au nord du Proche-Orient avec le réchauffement climatique qui affecte les continents à cette période.

La révision récente par G. Willcox (2002, à paraître) des données fournies par les premières études des restes végétaux carbonisées de Mureybet (van Zeist et Bakker-Heeres, 1984), à la lumière des résultats actuels concernant d’autres sites précéramiques du Moyen Euphrate, apporte des informations capitales sur les débuts de l’agriculture dans cette région. Les observations montrent que les polygonacées et les chénopodiacées, qui sont fréquentes dans le Natoufien final, se raréfient progressivement au profit des céréales sauvages et des légumineuses dans les occupations ultérieures. L’engrain (Triticum boeticum/urartu), le seigle (Secale) et l’orge (Hordeum spontaneum) sont présents dans toutes les phases, mais l’orge devient la céréale prédominante dans la phase III alors que ses restes sont très rares à la base de la séquence. Dans le même temps, les lentilles et les plantes adventices augmentent de manière significative (ibid., Colledge, 1998). Pour G. Willcox (à paraître), ces changements sont liés au développement de l'agriculture. En outre, la présence du seigle et de l’engrain dès les premiers niveaux d’installations est problématique étant donné que, d’après leurs exigences climatiques et édaphiques actuelles, leur habitat naturel le plus proche se trouvait à plus de 60 kilomètres du site. L’auteur propose alors plusieurs hypothèses : l’existence d’espèces particulièrement bien adaptées à l’environnement de Mureybet et aujourd’hui disparues, l’importation des céréales depuis les régions en amont, ou des tentatives de mise en culture de ces céréales, rendues difficiles en raison de l’instabilité climatique qui caractérise le Dryas récent. La suite des analyses permettra peut-être d’y voir plus clair. D’autre part, l’exploitation des amandes (Amygdalus orientalis) et des pistaches (Pistacia atlantica) est continue sur toute la séquence.