4.2.1.2 Fréquences relatives des taxons

L’étude générale de P. Ducos (1978) concernait uniquement les grands mammifères, c’est-à-dire les Périssodactyles (Equus) et les Artiodactyles (Bos, Gazella, Ovis, Dama, Cervus, Sus). Les données publiées sur les fréquences relatives de ces taxons ne peuvent être directement mis en correspondance avec nos propres données parce que les méthodes de calculs employées sont très différentes. En effet, P. Ducos présente des fréquences après avoir éliminé du décompte certains éléments anatomiques qui, selon les espèces ou les locus, ne rentrent pas, d’un point de vue statistique, dans les probabilités de conservation attendue (ibid., tableaux pp. 111-112). Le principe sur lequel s’appuie l’auteur est énoncé de la manière suivante : « pour le calcul des fréquences des espèces, (…) l’on est entièrement fondé ici de poser comme hypothèse de travail, que la meilleure estimée de la fréquence des espèces est la fréquence des ossements qui leur sont attribuables elle-même » (ibid., p. 13). Ainsi, en plus de pondérer les données selon la distribution différentielle des parties squelettiques des taxons, il élimine du calcul les humérus distaux, les scapulas et les phalanges 2 et 3 des petits ruminants, les carpiens des grands ruminants, les dents jugales des équidés, et divers autres éléments, considérant que leurs sur-représentations – ce qu’il nomme des « aberrations » – sont susceptibles d’entraîner des distorsions dans les calculs globaux. Ce choix méthodologique renvoie à la question – centrale en archéozoologie – de la représentation quantitative de chaque taxon dans un assemblage donné. Dans le cas présent, P. Ducos utilise un NRD (nombre de restes déterminés) modifié alors que nous-mêmes ne considérons que le NRD brut, i.e. les valeurs absolues du nombre de restes déterminés par taxon (l’une des méthodes les plus simples et les plus usitées aujourd’hui). Les données brutes étant absentes dans la publication de P. Ducos, excepté pour Bos, Equus et la catégorie des petits ruminants, il a été malheureusement impossible de recalculer toutes les fréquences relatives de manière à pouvoir les comparer à des fréquences basées sur le NRD initial. Toutefois, comme nous le verrons par la suite, il apparaît dans l’ensemble que les écarts entre les fréquences absolues et les fréquences modifiées n’entraînent pas de grands bouleversements dans la classification des taxons en fonction de leur abondance respective.

Dans cette partie, l’étude ne porte pas sur la totalité du matériel recueilli lors des fouilles Cauvin, qui représente un volume considérable. Pour chaque phase, nous avons sélectionné un certain nombre d’assemblages provenant des couches les plus ossifères afin de constituer un inventaire quasi exhaustif des restes déterminables. Ceci nous permet de décrire l’évolution des fréquences des mammifères sur toute la séquence. Seuls les rongeurs n’ont pas été pris en compte, la microfaune mammalienne faisant actuellement l’objet d’une thèse (Haidar, en préparation). Nous avons cependant inclus dans le décompte les restes de castor (Castor fiber) – comme ceux des hérissons chez les insectivores – puisque leur origine est de toute évidence anthropique.

Les échantillons sélectionnés rassemblent plus d’un millier de restes mammaliens pour chaque phase (jusqu’à 2748 dans la phase IIIB), sauf pour les deux dernières (phases IVA et IVB) qui ont été découvertes dans de petits sondages et qui, de ce fait, ont livré relativement peu de matériel.