Evolution de l’architecture

L’une des plus importantes innovations dans le domaine de l’architecture, qui caractérise aussi le Mureybétien, est l’invention du chaînage d’angle. Les premiers villages (niveaux VIII à IV/E), en effet, ne comprenaient visiblement que des constructions rondes et non subdivisées. A partir du niveau III/E, les dimensions augmentent et certains murs sont presque rectilignes bien que les angles extérieurs restent arrondis. Les premiers angles orthogonaux se manifestent uniquement à travers la réalisation de murs rectilignes intérieurs ou des murets extérieurs soutenant des terrasses et reliant certains habitations entre elles. A cette période apparaît un nouveau type architectural, la maison à antes : la construction est prolongée vers l’extérieur par deux de ses murs qui encadrent ainsi une petite cour qui devait probablement comporter un auvent. Le plan est semi-circulaire jusque dans le niveau II/E, mais le type de base évoluera par la suite en des formes variées, notamment rectangulaires, qui sont connues également à Dja’de el Mughara (PPNB ancien) et à Halula (PPNB moyen). Dans le niveau I/E, les structures sont très diversifiées : elliptiques, rectangulaires à angles arrondis, elles sont parfois composées d’unités agglutinées, ce qui semble traduire des tentatives d’agrandir les maisons par l’ajout de différents modules plus ou moins curvilignes.

Le chaînage d’angle, qui apparaît véritablement à partir du niveau 0/E (et peut-être III/W), a sans doute été la solution la plus efficace pour satisfaire cet objectif (Stordeur, 1999a). La technique est connue dans la phase IIIB de Mureybet et à Cheikh Hassan. Cependant, même dans les niveaux récents de Jerf el Ahmar, les formes rectangulaires coexistent avec les formes sub-circulaires, et certaines constructions peuvent même opposer deux angles droits et deux angles arrondis. Des plans architecturaux très différents peuvent être rassemblés dans une même phase d’occupation. En somme, le passage du curviligne au rectiligne est donc à la fois « progressif (plans intermédiaires) et cumulatif (persistance des plans anciens dans les niveaux récents) d’où une variété croissante des modèles contemporains » (Stordeur et Abbès, 2002, p. 569).

Les premiers bâtiments communautaires – ceux à fonction polyvalente – apparaissent avant l’invention du chaînage d’angle extérieur (niveaux II et I/E) et perdurent au moment du développement des structures rectangulaires (III et II/W). C’est seulement dans la phase dite « de transition PPNA-PPNB » (niveaux -I/E, I/W et 0/W) que les bâtiments communautaires sont désormais consacrés à des réunions et des célébrations.