5.2.1.1 Fréquences relatives des taxons

La faune mammalienne de Jerf el Ahmar est similaire à celle des niveaux contemporains de Mureybet, avec plus d’une vingtaine de taxons (rongeurs compris). Leurs fréquences relatives pour l’éminence Est, calculées à partir du NRD 132 , sont présentées dans tableau 5.1. Contrairement à Mureybet, le cerf (Cervus elaphus) y semble absent, de même que le renard de Blanford (Vulpes cana). Quelques restes de putois marbré (Vormela peresguna) et de castor (Castor fiber) ont été signalés mais ne figurent pas dans les décomptes retenus. Le chien (Canis familiaris) est le seul animal domestique. Les restes de micromammifères font actuellement l’objet d’une thèse universitaire (A. Haidar, en préparation).

D’après la morphologie des chevilles osseuses et l’étude biométrique de certains éléments squelettiques, la gazelle appartient à l’espèce Gazella subgutturosa comme dans tous les sites de la vallée de l’Euphrate et de la Palmyrène (Helmer, 2000a). Sur l’ensemble des échantillons, c’est l’espèce dominante en termes de nombre de restes (plus de 45 % en moyenne). La diminution sensible de la taille moyenne des gazelles dans les niveaux de transition est imputée à une légère variation climatique qui se serait manifestée par le remplacement progressif d’une steppe humide par une steppe plus sèche (ibid. ; Helmer et al., 1998).

Selon les premières observations faites par D. Helmer (communication personnelle), les équidés sont représentés par au moins deux espèces : l’hémione (Equus hemionus) et l’âne sauvage (E. africanus). Il faudra attendre la suite des déterminations pour savoir si d’autres espèces sont potentiellement présentes comme à Mureybet. Les équidés viennent en second rang d’importance avec plus du tiers des assemblages osseux, mais cette fréquence varie fortement entre les niveaux VII-III et les niveaux II-I. A la base de la séquence, la part des équidés est plus élevée que celle des gazelles et la situation s’inverse à partir de la phase suivante, si l’on écarte le niveau 0/E pour lequel l’effectif des restes déterminés est très faible et la petite faune sous-représentée. D’un point de vue statistique, les écarts entre les niveaux VII-III et II-I sont significatifs aussi bien pour les gazelles ( = 4,26) que pour les équidés ( = -3,42). En revanche, il n’y a pas de différences notables entre le niveau –I et les niveaux II-I pour ces taxons (respectivement,  = 0,93 et 0,82).

L’aurochs (Bos primigenius) occupe une place importante dans les niveaux inférieurs (près de 12 % des restes), mais sa fréquence diminue fortement dans la phase suivante puisque l’écart est statistiquement significatif ( = -4,27). Entre la phase de transition et les niveaux II-I, en revanche, il ne semble pas y avoir de variation notable (( = 1,63). Les autres ongulés comme le daim de Mésopotamie (Dama mesopotamica), le mouflon oriental (Ovis orientalis) et le sanglier (Sus scrofa), représentent chacun moins de 3 % des restes. Il en est de même pour le reste des mammifères, mais on remarquera néanmoins que le renard compose plus de 4 % de l’assemblage total.

Notes
132.

Les nombres de restes ont été pondérés pour la gazelle, le daim et le mouflon à partir des restes de ruminants de petite ou moyenne taille indéterminés spécifiquement.