6.1.4 Domaine technologique

Les résultats essentiels obtenus par les études du matériel archéologique sont présentés dans cette partie.

Industrie lithique

La première catégorie de matière première sur laquelle les occupants ont jeté leur dévolu est un silex très homogène à grain fin, extrait de gîtes primaires dont la localisation dans les environs immédiats de Dja’dé n’est pas précisément connue malgré les prospections menées dans cette optique. Ce silex était destiné à la production de supports laminaires longs, réguliers et peu arqués, obtenus par la technique du débitage bipolaire (Coqueugniot, 1994). Une autre catégorie, dont l’usage était limité au débitage d’éclats, rassemble des silex à grain moyen et à cortex généralement roulé (galets), provenant des bords du fleuve et des grandes nappes d’épandage quaternaires de la rive gauche.

La majorité des artefacts recueillis se trouve en position secondaire bien qu’un atelier de taille ait été découvert durant la campagne de 1999 dans un secteur périphérique (sondage ST). Ce matériel très riche comporte de rares nucléus naviformes, souvent réutilisés comme outils lourds (broyeurs, débitage sommaire d’éclats), et de nombreux nucléus à débitage unipolaire ou multidirectionnel (nucléus discoïdes, bipolaires et globuleux). Ces différents modes de débitage sont parfaitement maîtrisés et correspondent à des stratégies alternatives de l’exploitation de la matière première pour la recherche d’une gamme très variée de produits technologiques. L’industrie lithique obtenue par débitage des nucléus naviformes est identique à celle qui caractérise la phase IVA de Mureybet et les niveaux supérieurs de Cheikh Hassan. Les longues lames rectilignes naturellement pointues sont particulièrement abondantes et ont surtout été utilisées pour les armatures de flèches. Le type le plus commun est représenté par les pointes de Byblos. A côté d’autres types d’armatures, quelques pointes ovalaires à pédoncule court évoquant l’industrie du PPNA sont présentes dans l’assemblage.

Les lames lustrées représentent environ 8 % des pièces retouchées (Coqueugniot, op. cit.). Certaines pièces portent des traces de bitume parallèles au bord actif. La plupart sont courtes et ont dû être utilisées comme éléments d’un tranchant composite mais quelques-unes atteignent des dimensions exceptionnelles (e.g. lame de 143 mm). L’étude tracéologique en cours permettra de déterminer quelle part jouait cet outillage dans la cueillette des céréales ou la coupe d’autres végétaux tendres tels que les roseaux.

Les grattoirs sont également très fréquents et les burins sont rares dans les niveaux inférieurs. D’autres types d’outillage comme les perçoirs, les mèches, les pièces à encoche, les pièces denticulés, etc., complètent la liste des produits recherchés par l’industrie lithique.

L’obsidienne est une matière première peu abondante à Dja’dé. Un unique nucléus a été trouvé et il semblerait qu’elle ait été importée en général sous forme de supports bruts. Les pièces recueillies sont des lamelles débitées par pression ou des éclats de petites dimensions. L’origine de cette obsidienne est localisée en Cappadoce et témoigne de l’existence d’échanges de longue distance entre le Moyen Euphrate et l’Anatolie centrale.

L’outillage poli n’est représenté que par quelques haches en roches métamorphiques (dont une en roche verte) et un ciseau façonné sur galet plat allongé.