6.1.6 Pratiques funéraires et rituelles

Les pratiques funéraires sont bien représentées à Dja’dé. Mis à part les dépôts de crânes sous le sol des habitations, un trait que l’on retrouve durant tout le Néolithique précéramique du Proche-Orient, il faut rappeler l’existence des sépultures collectives dans la « Maison des Morts ». Les traitements y sont variés : aux inhumations primaires se mêlent souvent des inhumations secondaires figurées seulement par quelques membres ou par des crânes isolés. Sous le radier d’une des cellules, au moins 13 individus ont été mis au jour dont « un adulte en position semi-fléchie, tenant contre lui un enfant et ayant la main posée sur un crâne isolé » (Coqueugniot, 1999b, p. 50). Certains des squelettes se sont décomposés en milieu colmaté comme l’indique la parfaite conservation des connections anatomiques. De larges empreintes de nattes (phytolithes) trouvées à la fois sur et sous certains corps indiquent l’usage de linceuls.

A ce jour, ce remarquable bâtiment a été totalement fouillé et les restes d’au moins 63 individus plus ou moins complets, exclusivement des enfants ou des jeunes adultes, y ont été dégagés. Le mobilier funéraire associé n’est représenté que par quelques perles simples et par la figurine en craie décrite plus haut. Dans ce même secteur, un bucrane d’aurochs et les parties occipitales d’un autre crâne d’aurochs et d’un crâne d’équidé déposés ensemble sous une banquette ne sont pas sans évoquer les dépôts de bucranes attestés notamment à Mureybet et à Jerf el Ahmar, et plus tard à Halula et à Çatal Höyük. Enfin, nous avons également noté des dépôts intentionnels d’animaux nouveau-nés (de suinés notamment) dans les murs de certaines habitations.