6.2.2.3 Saisonnalité et modalités de la chasse aux oiseaux

Plus de la moitié (57,1 %) des oiseaux chassés à Dja’de el Mughara sont des espèces sédentaires (Fig. 6.17). En terme d’abondance numérique, elles représentent 68,5 à 79,1 % de l’assemblage. Les taxons les plus fréquents dans cette catégorie sont l’outarde barbue, le francolin, le ganga cata et Corvus corone/frugilegus.

Il est évident que l’outarde occupait une place importante parmi le gibier à plume disponible toute l’année. Bien qu’elle soit considérée aujourd’hui comme hivernante en Syrie du Nord, nous avons vu que plusieurs raisons suggèrent qu’elle y eût été autrefois résidente. La présence de subadultes mâles à Dja’de el Mughara est signalée par un tarsométatarse proximal gauche, sur lequel on perçoit assez clairement les lignes de soudure, et par un tibiotarse distal gauche. De même, un tarsométatarse distal gauche et un tarsométatarse proximal droit, dont l’aspect superficiel correspond à un stade de croissance presque complet, appartenaient à un ou deux subadulte(s) femelle(s). Nous n’avons malheureusement pas de référentiels bien définis pour pouvoir attribuer un âge à ces individus, et encore moins une saison d’abattage. D’ordinaire, chez l’outarde barbue, les mâles ne commencent à se reproduire qu’à l’âge de 3-4 ans, les femelles vers 5-6 ans (Cramp et Simmons, 1980). Certes, la maturité sexuelle est atteinte un peu plus tôt, mais il est très probable que le développement squelettique s’étend sur un an ou plus.

Pour le francolin, en revanche, les données de cet ordre sont plus précises. Ainsi, un coracoïde gauche de juvénile atteste qu’il était parfois chassé à la fin du printemps ou au début de l’été.

Contrairement au ganga unibande qui hiverne aujourd’hui en Syrie et qui est également présent à Dja’de el Mughara, le ganga cata y figure comme résident commun. Les seuls indicateurs saisonniers que nous possédons pour cette espèce est un fémur droit et une ulna gauche contenant de l’os médullaire (Fig. 6.18). Selon les informations générales fournies par S. Cramp (1985) pour les populations circum-méditerranéennes, la ponte se déroule d’avril à juillet. A. Musil (1927) observa la nidification du cata au début du mois de mai 1915 dans la région du Tigre, près de Samarra. Il convient de noter que les œufs sont déposés à même le sol de la steppe ou sur une touffe de végétation basse. Ces témoignages osseux signale donc un épisode de chasse qui pouvait coïncider avec la saison des moissons.

Les migrateurs sont tous des hivernants, à l’exception de la grue demoiselle qui est un oiseau de passage et du vautour percnoptère qui n’est présent que de mars à octobre dans la région. Parmi les espèces séjournant durant la saison humide, les oies sont les plus fréquentes dans cet assemblage et les huit autres ont livré moins de 5 restes.