6.2.3.1 Composition du matériel faunique et observations taphonomiques

Au total, 467 restes provenant de ce « charnier » ont été déterminés d’un point de vue taxinomique (Tabl. 6.14). Les coordonnées spatiales de près de 240 d’entre eux ont été enregistrées sur un plan de la zone fouillée.

Plus de 60 % des ossements appartiennent à des équidés pour lesquels le nombre de connections anatomiques observées s’élève au moins à 24. Pratiquement toutes les parties squelettiques sont présentes, aussi bien les vertèbres et les côtes que les pattes et certains éléments crâniens (Tabl. 6.15). La fracturation est importante, surtout pour les os longs comme l’humérus, le fémur et les métapodes. Aussi, les proportions des différentes parties squelettiques ne sembleraient pas éloignées de la distribution naturelle même si l’échantillon est partiel. D’après les appariements et les stades de soudure des épiphyses (Tabl. 6.16), au moins 6 équidés, dont 2 jeunes, ont été estimés.

Les bovins composent près d’un quart de l’assemblage. La plupart des os du squelette sont représentés dans cet amas (Tabl. 6.15) et appartiennent à moins au moins 4 individus, dont un juvénile (Tabl. 6.17). Chez ce taxon, la fracturation des os est également fréquente et affecte même de nombreuses premières phalanges, comme nous l’avons observé chez les aurochs de Mureybet. Près de 10 % des restes sont des fragments osseux classés dans la catégorie « grand herbivore », lorsque la distinction n’a pu être faite entre Bos et Equus.

La gazelle n’est représentée que par 9 restes, soit environ 2 % de l’assemblage. Il pourrait s’agir d’un seul individu, matérialisé par des fragments de crâne, un fragment de scapula, 2 radius incomplets, une ulna, un fémur proximal, un tibia proximal et probablement 3 côtes et 3 vertèbres cervicales. Enfin, quelques restes d’un renard et un fragment d’humérus d’oie ont été trouvés mêlés à cette grande faune.

Pour les raisons invoquées plus haut, les fréquences obtenues ne sont peut-être pas tout à fait représentatives de l’ensemble du contexte. De fortes variations spatiales ne sont pas à exclure et nous ne disposons pas de la totalité de la couche. La faible diversité taxinomique et la présence de presque tous les éléments squelettiques chez les grands herbivores confortent néanmoins l’idée que nous avons à faire à un assemblage homogène, résultant d’une activité de boucherie réalisée dans un temps très court. A l’exception de la côte sciée, aucune marque de découpe n’a été relevée mais la cheville gauche d’un équidé et la première phalange proximale d’un bovin portent des traces de brûlure localisées. La distribution des ossements dans l’espace montre un éparpillement d’éléments divers appartenant à des individus différents et non une situation où les carcasses auraient été dépecées et laissées sur place. Tous ces indices permettent d’interpréter cet amas comme le rejet des déchets issus du traitement et de la consommation de plusieurs carcasses animales par les Néolithiques.