PARTIE 3. Les premiers pasteurs de la Palmyrène

Chapitre 7 – El Kowm 2

7.1 Présentation générale

Situé à mi-chemin entre l’Euphrate et Palmyre, le village actuel d’El Kowm est aisément repérable à distance grâce au grand tell qui le jouxte et qui, du haut de ses 22 mètres, domine la plaine environnante. L’éminence, implantée aux abords immédiats d’une source artésienne, est constituée en réalité de plusieurs tells archéologiques dont le principal, El Kowm 1, est de loin le plus massif et le plus élevé. D’après un premier sondage en escalier réalisé en 1965 par Dornemann (1986), il renferme essentiellement des occupations néolithiques recouvertes au sommet par une installation d’époque romaine. Des ramassages d’artefacts en silex au sein des couches de travertins indiquent que l’endroit était déjà fréquenté au Paléolithique moyen, entre 100 000 et 50 000 BP, et un sondage plus récent à sa base révèlera également des occupations épipaléolithiques rapportées au Kébarien géométrique et au Natoufien ancien (M.-C. Cauvin, 1979). Rappelons que la cuvette d’El Kowm est, semble-t-il, inhabitée à partir de 12 500 BP, à l’époque du Dryas récent.

Le tell qui nous intéresse ici, El Kowm 2-Caracol, se trouve en contrebas du précédent, de l’autre côté d’un thalweg creusé par l’écoulement de la source (Fig. 7.1). Sa hauteur relativement faible (environ 4 mètres de puissance) et diverses raisons pratiques ont conduit l’équipe de la mission El Kowm-Mureybet à entreprendre des fouilles à cet emplacement, à partir de 1978, sous la direction de D. Stordeur et avec la collaboration de C. Maréchal, M. Molist et A. Taha (Stordeur, 2000b ; Stordeur et al., 1991). La surface totale du tell est de 5200 m². Six campagnes de fouilles (de 1978 à 1982, puis en 1985) et quelques sondages en 1986 et 1987 ont mis en évidence trois grandes phases d’occupation : une phase datant de la fin du Néolithique précéramique (PPNB final), surmontée par du Néolithique avec poterie (PNA) et du Chalcolithique final d’époque Uruk (Cauvin et Stordeur, 1985).

Le PNA se manifeste uniquement par plusieurs fosses qui ont entaillé par endroits les deux derniers niveaux PPNB. L’absence d’architecture et certains indices matériels suggèrent le passage de populations nomades (Stordeur et al., 1991). Les occupations datant de l’Uruk final (et peut-être aussi du Halaf) sont celles qui ont le plus gravement bouleversé la stratigraphie initiale, notamment dans la partie est du tell, sous la forme de « carrières » (plus de 150 m²), de fosses à détritus et de fosses apparemment sépulcrales. Ces niveaux, très altérés, pourraient témoigner là encore d’une halte de nomades ou de caravaniers d’après des traces de structures légères, voire aussi d’un atelier de poterie (ibid.).

Pour ce qui concerne les occupations du PPNB final, qui représentent l’essentiel des dépôts archéologiques, six niveaux ont été distingués à partir des données architecturales (Stordeur et al., 1991, 2000a). Seule cette phase fait l’objet de notre étude. Les principaux résultats issus des fouilles et des diverses analyses du matériel archéologique PPNB ont fait l’objet d’une publication collective (Stordeur, 2000b), que complète un certain nombre de travaux isolés consacrés à des questions particulières. Nous avons tenté d’en résumer l’essentiel dans les paragraphes suivants, en insistant surtout sur les éléments qui concernent les modalités d’occupation du site et les activités qui s’y effectuaient.