7.1.2 Architecture

Modes et types de construction

Les murs des bâtiments sont fabriqués à l’aide de briques de terre moulées, disposées en assises horizontales et assemblées avec du mortier. Les moules employés sont standards mais leurs dimensions diffèrent entre les niveaux anciens et récents (Stordeur et al., 2000b). La terre à bâtir est prélevée sur le site même comme l’attestent de nombreuses fosses d’extraction dans plusieurs niveaux. La pierre, sous forme de fragments de travertin ou de blocs calcaires provenant de l’environnement proche, n’intervient que dans les fondements des murs. Matériau abondant et certainement produit sur place, le plâtre est presque systématiquement utilisé pour enduire les sols et la base des murs. Le rôle du bois dans l’architecture est mal documenté, à l’exception d’empreintes de roseaux dans des fragments de plâtre et des traces supposées d’un poteau de décharge dans la maison Ia. D’un point de vue général, l’étude des éléments architecturaux révèle des techniques de construction assez complexes et bien maîtrisées (Stordeur et al., 2000b, 2000d, 2000e).

Les niveaux PPNB d’El Kowm 2 ont livré deux types principaux d’architecture dont les murs n’ont été conservés que sur une faible hauteur.

Le type 1 correspond à la maison pluricellulaire rectangulaire à pièce centrale en T (Fig. 7.2). Ces maisons n’ont été trouvées que dans les niveaux récents (maisons Ia, Ib, IIa et IIb). De grandes dimensions (jusqu’à 6 mètres sur 10) et basées sur un modèle tripartite, elles se caractérisent par deux rangées latérales de petites cellules distribuées de part et d’autre d’un couloir central aboutissant à une pièce rectangulaire (Stordeur et al., 2000d). La communication intérieure avec les cellules latérales, qui servaient probablement de lieu de stockage, se fait à partir de la partie élargie de la pièce en T. L’aménagement intérieur se manifeste par des structures de combustion groupées systématiquement par trois dans la partie couloir : un four-foyer rectangulaire, un autre four logé dans une niche du mur et un petit foyer ou brasero. Les bâtiments avaient sans doute une fonction résidentielle.

Le type 2 est la maison rectangulaire à petites cellules communicantes, que l’on retrouve dans tous les niveaux avec des variations individuelles dans le plan et l’aménagement intérieur (Stordeur et al., 2000c). Les maisons sont de facture générale nettement plus grossière que le type 1 et le sol des pièces n’est pas obligatoirement recouvert d’un enduit de plâtre. Elles ne correspondent pas à un modèle prédéfini, symétrique et régulier comme le précédent. Toutes les cellules communiquent entre elles par des passages souvent rehaussés en seuil. Des rigoles et des trous d’évacuation ont été aménagés pour la circulation de l’eau. Des structures de combustion et de nombreuses structures de rangement modulables (caissons en terre ou en plâtre, niches creusées à la base des murs, petites subdivisions des cellules) y ont été trouvées à l’intérieur (Lebreton, 2003). Même si diverses activités domestiques pouvaient s’y dérouler en parallèle et même si la structure X (niveau AIV), par exemple, a pu servir d’abri pour du petit bétail, la majorité des maisons de ce type était vraisemblablement destinée au stockage. C’est ce que suggèrent D. Stordeur et al. (2000c, p. 60) dans la remarque suivante : « Lorsque l’on observe les maisons les mieux conservées de ce type, on ne peut que s’étonner de la densité des structures de rangement et de la capacité des habitants d’une maison donnée à encombrer progressivement les pièces jusqu’à ce qu’il devienne impossible d’y pénétrer. […] Ces aménagements contribuent, […] avec l’exiguïté de certaines pièces, à donner l’impression qu’on stockait beaucoup plus qu’on ne vivait dans les petites maisons d’El Kowm. » D’autres caissons ont été par ailleurs trouvés à l’extérieur, au fond de la ruelle sud de la maison I.