Industrie lithique

Le silex qui affleure sous forme de rognons dans les collines environnantes de la cuvette d’El Kowm, à une dizaine de kilomètres du site, est réputé pour son excellente qualité. De couleur brune ou bleutée, ce matériau a été majoritairement utilisé dans l’industrie lithique d’El Kowm 2.

Le débitage est principalement de type laminaire sur nucléus bipolaires ou naviformes. Les nucléus sont exploités jusqu’aux limites du possible (Abbès, 1997) et, contrairement à l’obsidienne, il n’existe aucune trace de débitage sur pression. Si certaines zones de rejet ont livré des concentrations de déchets de débitage, presque aucun atelier au sens strict du terme n’a été découvert dans la zone fouillée, alors qu’ils abondent dans le site de Qdeir à la même période. Les seuls témoins disponibles se trouvent devant la banquette extérieure de la maison II (niveau AV).

Les armatures de jet sont très rares et ne sont représentées que par des pointes de Byblos et deux pointes ovalaires. Cet armement sans prestige particulier contraste avec celui de Qdeir et d’autres sites nomades de la même période qui partagent le même faciès (Umm el Tlel, Nadaouiyeh 7, El Khabra), mais aussi avec les sites de la vallée de l’Euphrate (Bouqras, Abu Hureyra).

L’outillage se compose essentiellement de burins et de grattoirs (Cauvin et Cauvin, 2000a). Les burins constituent près de la moitié des outils en silex et sont à majorité de type transverse. Ils sont en général assez fréquents dans les sites du PPNB récent, mais on note l’absence totale à El Kowm 2 des burins d’angle à troncature concave, autrement appelés « burins du désert » car souvent associés aux sites nomades implantés dans les régions arides du Proche-Orient à cette époque, comme à Qdeir, et plus tard. En revanche, la fréquence relativement élevée des petits grattoirs circulaires et des grands grattoirs semi-circulaires est un trait commun à El Kowm 2 et à Qdeir, et se distingue en cela de la tradition PPNB du Moyen Euphrate (Cauvin et Cauvin, 2000b). Les pièces lustrées sont assez fréquentes et la plupart ont servi à couper les céréales ou les roseaux (Anderson, 2000). Des outils perçants et quelques grattoirs complètent l’outillage en silex qui paraît, dans l’ensemble, avoir été surexploité (nombreuses reprises et réutilisations). Cette économie de matière, ajoutée à une apparente négligence dans les techniques de débitage et de façonnage, souligne encore une différence importante avec l’industrie lithique de Qdeir (Cauvin et Cauvin, 2000b).

L’évolution typologique de l’équipement en silex est peu marquée de la base au sommet des niveaux PPNB. La corrélation observée entre l’augmentation relative des pointes de flèches et celle de la part de la chasse (Helmer, 2000b), n’est peut-être que fortuite, nous le verrons ci-après à travers l’étude archéozoologique.

Les pièces en obsidienne sont peu abondantes mais présentes dans tous les niveaux (Cauvin M.-C., 2000). Originaire de divers gîtes d’Anatolie centrale et orientale d’après les analyses physico-chimiques (ibid.), l’obsidienne semble avoir été importée sous la forme de nucléus déjà mis en forme. Son acquisition s’inscrit dans un réseau d’échanges assez complexes qui concernent aussi d’autres matériaux (haches polies, éléments de parure, vaisselle en pierre).

Enfin, quatre petites haches fabriquées dans une matière autre que le silex sont les uniques outils en pierre polie trouvés sur le site.