7.1.6 Données archéobotaniques

Nous ne reviendrons pas sur les caractéristiques environnementales de la cuvette d’El Kowm, déjà présentées dans l’introduction générale. Notons cependant que dans les limites du village d’El Kowm 2 et à sa périphérie, le milieu était relativement humide durant toute l’année, voire marécageux par endroits, en raison de la présence d’une source artésienne.

L’étude des restes végétaux carbonisés indique l’exploitation de six céréales domestiques (de Moulins, 2000) : l’engrain (T. monococcum), l’amidonnier (T. dicoccum), le blé dur (T. durum), le blé à pain (T. aestivum) et l’orge nue ou vêtue (Hordeum sativum). Ces restes n’ont pas été trouvés dans les structures de stockage identifiées dans l’architecture mais dans des foyers, entre les enduits et dans des couches de remblais ou de détritus. La pratique de l’agriculture dans les environs du site et les diverses opérations de traitement des céréales sont attestées par la présence de rachis et de fourches d’épillets, par des outils en silex ayant servi à moissonner (éléments de faucilles) et par d’autres pièces lustrées dont l’analyse fonctionnelle indique qu’elles constituaient la partie active d’un tribulum léger (Anderson, 2000). Comme P. Anderson (ibid.) précise que les céréales devaient être coupées à un stade de maturité ni précoce ni tardive, on peut penser que la moisson avait habituellement lieu en mai ou juin si l’on en juge par le cycle agricole actuel. Pour D. Stordeur (2000e, p. 302), « […] l’irrigation est envisageable mais […] son usage est loin d’être établi. Or, pratiquée par les agriculteurs du site, elle seule permettait de compter sur des ressources végétales régulières, annuelles. S’ils l’ignoraient, la conséquence était évidente : la récolte devenait aléatoire et soumise aux irrégularités du climat. » Un système d’irrigation rudimentaire est donc envisagé, au moyen d’appoints d’arrosage ou de canalisations superficielles grâce à l’écoulement naturel de l’eau de source par gravitation.

De nombreuses plantes sauvages, dont quelques-unes sont des adventices des champs cultivés, ont été apportées intentionnellement ou non sur le site. Les plus abondantes sont des légumineuses (e.g. Astragalus, Trifolium) et des chénopodiacées (e.g. Atriplex, Suaeda), notamment en association avec quelques boraginacées et des graminées sauvages, qui reflètent assez bien l’environnement steppique actuel. Il est difficile de savoir si ces plantes ont été consommées car les restes analysés pourraient être issus de l’étape finale de préparation des céréales ou, plus vraisemblablement à notre avis, de l’utilisation des crottes d’animaux comme combustible. Elles ont pu également être ramassées pour l’affouragement du cheptel ou pour des litières (de Moulins, 2000).

Les graines de figues (Ficus carica) sont relativement fréquentes tandis qu’un seul pépin de raisin (Vitis vinifera)a pu être déterminé. L’emploi de roseaux est démontré par des pièces lustrées en silex (coupe des tiges) et par des empreintes conservées dans des fragments de plâtre. Il est possible, enfin, que les arbres et arbustes locaux tels que le tamaris (Tamarix), présent encore aujourd’hui près de certaines sources et sebkhas, les pistachiers (Pistacia atlantica), les amandiers (Amygdalus arabica) et quelques autres taxons qui survivent actuellement dans les djebels voisins, aient été exploités pour le bois et, pour certains, pour leurs fruits (Besançon et al., 2000).