7.2.2.3 Saisonnalité et modalités de la chasse aux oiseaux

Le statut phénologique actuel du ganga cata est celui de résident dans les steppes syriennes du sud au nord du pays. Sa dynamique démographique dépend cependant de la quantité et de la disponibilité de sa nourriture qui est principalement végétale (céréales, graminées chénopodes, etc.), et, par conséquent, varie beaucoup dans un milieu soumis à un régime des pluies très irrégulier d’une année sur l’autre comme le bassin d’El Kowm. Aussi, il peut n’y être présent que quelques mois dans l’année et se déplacer plus au nord en été lorsque les conditions sont particulièrement difficiles (Baumgart, 1995). D’autre part, après un printemps frais et pluvieux, les populations augmentent en effectif et, à mesure que la sécheresse estivale prend place, de véritables invasions sont alors observées autour des points d’eau. A cette occasion, encore de nos jours, les gangas font souvent l’objet d’une chasse intensive (Ghaemi, 1999), notamment dans le but de protéger les cultures. Nous renvoyons aux commentaires que nous avons faits à propos de l’avifaune de Dja’de el Mughara.

Quant au ganga unibande, rappelons que c’est une espèce hivernante en Syrie. A partir de septembre, des rassemblements de plusieurs centaines d’individus sont régulièrement signalés jusque dans les environs de Palmyre, et les départs se terminent fin mars au plus tard. Actuellement, c’est un oiseau qui est chassé en automne mais cela concerne surtout la région d’Alep (Baumgart, op. cit.).

Si les données ethnographiques pour la Syrie indiquent une chasse aux gangas liée à la saisonnalité, il est délicat d’appliquer ce modèle aux comportements des Néolithiques d’El Kowm 2. Un cata subadulte fait partie de l’assemblage comme l’atteste un tibiotarse distal droit complètement soudé mais dont l’aspect poreux de la surface est caractéristique. Les gangas sont nidifuges et commencent à voler au bout d’un mois environ. En supposant que cet individu était âgé de 2 à 3 mois et sachant que l’éclosion survient en général de mai à juin (Cramp, 1985), sa capture a probablement eu lieu à la fin de l’été voire au début de l’automne. Cela tombe dans une période où précisément les catas sont plus susceptibles de déserter cette région ou de s’y raréfier, mais c’est aussi le moment où ils sont plus vulnérables car tributaires des rares points d’eau disponibles. L’estimation la plus tardive correspondrait mieux avec l’arrivée massive du ganga unibande. Les deux hypothèses sont envisageables mais il demeure qu’un seul indicateur de ce type ne suffit pas pour admettre une tendance saisonnière pour la chasse aux gangas.

La grue demoiselle et le faucon hobereau sont normalement des oiseaux de passage dans les régions steppiques de Syrie. Ils ont donc été capturés au printemps (avril-mai) ou bien en automne (septembre-octobre).

La corneille ou le freux, pour les raisons déjà exposées, pourraient avoir été chassés durant la saison humide, d’octobre à mars. Même si elles tolèrent une grande diversité de situations écologiques ou climatiques, leur présence en plein été, lorsque les conditions sont particulièrement sévères en l’absence de couvert forestier, est à exclure pour cette région. En revanche, grâce à l’existence de champs cultivés et de quelques arbres autour du village, il est permis de penser qu’elles auraient pu y séjourner jusqu’à la période des moissons.

La chevêche est un oiseau sédentaire. Comme elle a pour habitude de nicher ou de trouver logis dans des habitations abandonnées, il est possible que les restes de l’individu en question ne soient pas d’origine anthropique mais naturelle. Leur situation stratigraphique n’apporte malheureusement aucune précision sur ce point.