8.1.1 Stratigraphie générale

La puissance des couches archéologiques atteint presque 2,5 mètres. A l’instar des sites précédents, la surface a été divisée en locus de 1 mètre carré et plusieurs secteurs de 5 mètres de côté ont été isolés. Au cours des premières campagnes de fouilles menées par D. Stordeur, quatre phases principales d’occupation avaient été distinguées dans l’un des secteurs fouillés (DW91). Ces phases étaient définies de la manière suivante (Stordeur et Wattez, 1998) :

  • Phase I : occupation sans architectures construites, avec aires d’ateliers et d’habitat aux vestiges strictement in situ.
  • Phase II : occupation comportant une maison isolée construite (n°1) ;
  • Phase III : occupation sans architectures construites, avec grandes aires de rejet ;
  • Phase IV : occupation comportant une maison isolée construite (n°2) et d’importantes aires de rejet.

Basée sur l’absence ou la présence de structures architecturales bâties en dur, cette séquence masque en réalité une succession de multiples niveaux d’occupations temporaires séparées par des dépôts d’origine éolienne dans les aires extérieurs ou des épisodes d’abandon dans les zones d’habitat. Cette situation complexe fut démontrée par l’étude micromorphologique des sédiments (ibid. ; Wattez et Stordeur, 1996). Ainsi, la phase la plus ancienne (Phase I) rassemblait au moins 14 cycles d’occupation extérieure présentant une alternance d’épisodes secs et humides probablement liée à des variations climatiques saisonnières. Le nombre d’occupations s’avérait aussi beaucoup plus important dans les phases successives que ne le suggérait le simple repérage visuel des couches au cours de la fouille.

Les niveaux sans architecture construite ont livré des traces d’installation sous abris légers, fabriqués en matériaux périssables. Des emplacements de tentes ont également été trouvés à proximité de la maison de la phase II et pourraient avoir été contemporains des occupations détectées à l’intérieur de celle-ci. Les fouilles récentes de F. Abbès (communication personnelle) ont par ailleurs montré la coexistence des tentes et des architectures dans d’autres secteurs et ce depuis l’époque de la fondation du site.

La séquence stratigraphique de Qdeir 1 est donc pour le moment difficile à établir précisément à l’intérieur des quatre grandes phases définies dans les premiers temps, d’autant que la surface de fouilles s’étend actuellement sur près de 500 m². Il n’est pas toujours possible de faire la distinction entre des phases d’abandon réel du site et celles qui concernent seulement certains secteurs, encore moins d’apprécier le laps de temps écoulé lors des épisodes de dépôts éoliens.

Selon F. Abbès (communication personnelle), trois catégories de niveaux (ou d’aires) d’occupation sont identifiables à Qdeir 1 :

  • le « campement », caractérisé par de nombreux témoins d’abris légers ;
  • l’« atelier » de taille du silex, constitué d’une forte concentration de produits de débitage dont le dépôt, non perturbé, délimite généralement des postes de taille ;
  • le « secteur maison », où ont été trouvés les vestiges architecturaux.

L’étude stratigraphique permettra sans doute de préciser de quelle manière ces contextes étaient articulés à la fois dans le temps et dans l’espace.