8.2.1 Mammifères

8.2.1.1 Fréquences relatives des taxons

Selon les premières déterminations de D. Helmer (communication personnelle), la faune mammalienne de Qdeir 1 est quasiment identique à celle d’El Kowm 2. Les animaux domestiques identifiés dans les assemblages sont le mouton, la chèvre, le bœuf, et probablement le chien. Il n’a pas été signalé de caprinés sauvages (Ovis orientalis, Capra aegagrus), mais leur présence n’est pas à exclure. Les gazelles appartiennent à l’espèce Gazella subgutturosa et leur petite taille, comparée à celle des populations au nord du Moyen Euphrate, les apparente à la sous-espèce actuelle marica comme celles d’El Kowm 2 (Helmer, 2000a). Les équidés (Equus) et les renards (Vulpes) non pas encore été déterminés spécifiquement. Le lièvre (Lepus cf. capensis) a livré plusieurs ossements tandis que le hérisson à grandes oreilles (Hemiechinus auritus) est plus rare. Depuis la campagne de fouille de 2001, il faut également mentionner quelques restes de hyène rayée (Hyaena hyaena), des dents supérieures de blaireau (Meles meles) et un fragment de métacarpe de suiné. Le blaireau et le cochon ou sanglier (Sus) ne sont pas des animaux adaptés à l’environnement aride. Ils ont dû être ramenés depuis le Moyen Euphrate, Qdeir 1 ne se trouvant qu’à quelque 80 kilomètres du fleuve.

Les fréquences relatives calculées à partir du NRD selon les quatre phases proposées par D. Stordeur (Stordeur et Wattez, 1998) montrent que les caprinés et les gazelles sont les taxons dominants (Tabl. 8.1). Les restes de caprinés varient de 45 à près de 70 % et ceux des gazelles de 30 à 47,5 %. Le bœuf est peu fréquent mais le rôle joué par cet animal est certainement plus important qu’il n’y paraisse si l’on considère la quantité de viande et de lait qu’il pouvait fournir à la communauté (sans oublier le portage). Aucune évolution marquée n’est perceptible de la phase I à la phase III et les changements les plus significatifs d’un point de vue statistique surviennent au sommet de cette séquence où la part des gazelles et celle des équidés semblent brusquement augmenter : les animaux sauvages composent 32 % des restes dans la phase III et plus de 54 % dans la phase IV ( = 8,07). Cependant, cette contestation n’est probablement pas à généraliser et ne s’explique pas uniquement par la faiblesse des échantillons mais sans doute, en grande partie, par les variations locales des assemblages. En effet, comme le notent D. Stordeur et J. Wattez (1998, p. 117), d’après les observations préliminaires de D. Helmer, l’analyse des zones de rejets détritiques « a permis de révéler des secteurs traduisant des phases où seuls des animaux sauvages avaient été consommés et d’autres où la proportion habituelle d’animaux sauvages et domestiques avait été "respectée". » Le tableau 8.1 s’appuie essentiellement sur la stratigraphie du carré GYNE ainsi que sur quelques couches supérieures d’un secteur voisin qui ont pu être attribuées à la phase IV. Or, lorsqu’on examine les fréquences des restes (Tabl. 8.2) provenant d’un secteur plus éloigné (GZSE), des différences importantes apparaissent par rapport aux précédentes. Les gazelles représentent environ 50 % de la faune mammalienne et les variations les plus importantes dans cette séquence touchent les équidés et les caprinés. Ces variations ne suivent pas une orientation constante mais procèdent plutôt en « dents de scie ». Ainsi, la part des animaux sauvages, relativement importante dans les couches D1/D2 (73,5 %), tombe à 57,6 % dans la couche C2, puis remonte progressivement pour atteindre jusqu’à près de 88 % dans les couches supérieures B1/B2a. Pour l’ensemble du secteur, la fréquence des animaux domestiques ne dépasse jamais 42,4 % (28 % en moyenne).

Il conviendra donc d’attendre la poursuite de l’étude de la faune, en collaboration avec D. Helmer, pour mettre en évidence une éventuelle évolution du système de subsistance au cours du PPNB final ou pour mesurer la place relative de la chasse et de l’élevage dans le domaine économique. Cette recherche devra compter en particulier sur la capacité d’isoler des niveaux d’occupation sur une large surface afin de réduire les effets de distorsion dus aux variations spatiales de la composition des assemblages osseux. On peut dores et déjà retenir que les gazelles et les caprinés sont les animaux les plus exploités à Qdeir 1 et que les moutons sont en général plus abondants que les chèvres. Leur proportion parmi les caprinés tourne autour de 70-80 % si l’on en juge par les fréquences de la totalité des assemblages de chaque secteur sélectionnés, ce qui n’est pas sans rappeler celle d’El Kowm 2 (environ 75 %).