9.2 Exploitation du grand gibier

La mise en relation des fréquences relatives des gazelles et des équidés, des profils de mortalité et des rythmes saisonniers d’abattage indique que ces animaux ont été chassés intensément et de façon régulière à certains moments de l’année. Ces observations se répètent dans chacun des horizons chrono-culturels et dans les trois sites que nous avons étudiés. Même s’il existe quelques variantes selon les assemblages examinés et bien que l’exploitation évolue vers un intérêt plus important pour les gros animaux que sont les équidés et les aurochs, il apparaît donc une stabilité et une forte récurrence, voire une inertie, dans l’organisation temporelle des pratiques cynégétiques depuis le Natoufien final jusqu’au PPNB ancien. Pour le moment, les résultats de notre recherche ne concernent que les herbivores grégaires de la steppe et des études devront à l’avenir être menées en complément sur les bovins, les mouflons, les sangliers et les daims. En attendant, il ressort que les équidés et les gazelles, qui sont les principales espèces chassées, étaient surtout abattus durant la saison humide, en automne et en hiver, ainsi qu’au printemps. Ces tendances ont été mises en évidence à partir de l’étude des jeunes bêtes mais, pour les gazelles au moins et lorsque les données sont disponibles, l’analyse cémentochronologique suggère que les mêmes rythmes et intensités pourraient s’appliquer à la population adulte. D’après la structure démographique des animaux consommés, toutes les classes d’âge sont représentées, dans des proportions qui correspondent plus au moins à celles d’une population locale naturelle, essentiellement à celles des hardes familiales ou élargies. Avant d’aborder la question des stratégies de chasse employées, il nous faut au préalable nous interroger sur les raisons purement naturelles qui ont pu conduire les communautés à entreprendre des chasses saisonnières. Les gazelles et les équidés étaient-ils présents toute l’année dans les environs de la vallée de l’Euphrate, ou bien étaient-ce des animaux migrateurs qui ne pouvaient être approchés qu’à certaines époques ?