Modalités d’exploitation du cheptel

L’économie pastorale est basée sur l’élevage des caprinés à El Kowm 2 et à Qdeir 1, avec une majorité de moutons dont la fréquence est comparable dans les deux sites. Les profils de mortalité indiquent des orientations économiques tournées vers l’exploitation combinée de la viande et du lait. A El Kowm 2, les données reflètent une économie villageoise fortement autonome, destinée à une consommation domestique (familiale ou communautaire). Dans l’autre site, les modalités sont plus difficiles à interpréter en raison du fait que les informations sont tronquées par la nature temporaire et disparate des occupations. Dans l’ensemble, toutefois, nous avons pu mettre en évidence une forte complémentarité dans l’exploitation des caprinés, les chèvres fournissant le lait en priorité et les moutons la viande. Comme à El Kowm 2, bien que ses restes soient peu abondants dans les assemblages, le bœuf devait contribuer de manière significative à la production laitière.

Les différences les plus remarquables entre les deux sites concernent les périodes préférentielles d’abattage. A El Kowm 2, les rythmes d’abattage sont réguliers et bien circonscrits dans le temps, à raison de deux fois dans l’année. Suivant l’hypothèse d’une mise bas précoce, au début de l’hiver, les bêtes étaient tuées à la fin du printemps et au début de l’hiver. A Qdeir 1, la saisonnalité est moins bien définie, sans doute parce que nous n’avons pu traiter les données pour chaque niveau d’occupation mais à l’échelle du site en entier. Néanmoins, la plupart des abattages semblent se concentrer au début du printemps et en automne dans l’hypothèse de naissances hivernales, et sont donc décalés par rapport aux tendances observées dans le village sédentaire. Ceci ne reflète pas seulement des différences dans les modes d’implantation, mais aussi et surtout des différences dans l’organisation temporelle du système pastoral, même si les produits recherchés (la viande et le lait) sont identiques. Ainsi, la gestion du cheptel paraît beaucoup plus stricte et méthodique à El Kowm 2 qu’à Qdeir 1. Jusqu’à présent, c’est donc à travers les rythmes d’abattage que se manifestent le plus clairement, du point de vue archéologique, les spécificités de l’économie pastorale nomade par rapport à l’élevage sédentaire.