Elle consiste à utiliser les moyens aéronautiques et photographiques pour détecter et enregistrer des sites présumés. L’archéologue prend des photographies verticales ou obliques et à basse altitude, qui montrent des anomalies, des formes particulières à la surface du sol ou par rapport à la végétation. L’origine anthropique est démontrée par l’ordonnancement géométrique de cette hétérogénéité 42 .
L’archéologie aérienne apparaît au début du XXe s. 43 mais son développement est postérieur à la première guerre mondiale. 1913 correspond à l’année du repérage des plans d’Ostie. Lors d’opérations de reconnaissances aériennes dans les Dardannelles, des clichés montrés à l’Académie des Inscriptions le 2 février 1917, présentent des taches géométriques : on y reconnaît les « ruines de Troie ». La fouille des fossés à Stonehenge au Royaume-Uni a lieu en 1923, dirigée par A.D. Passmore. Les anomalies avaient déjà été repérées par des photographies dès 1906 44 .
Cette méthode fournit des résultats étonnants en plaine, dans les campagnes découvertes ou dans les déserts. Elle a permis de repérer des traces de cadastres romains. Certains éditeurs de manuels scolaires d’histoire choisissent de publier des photographies aériennes de sites enfouis, pour illustrer la romanisation de la Gaule, par exemple.
L’archéologie aérienne s’est bien développée en France dès les années 1950-1960. La rencontre de grands spécialistes tels que Roger Agache, Jacques Dassié et Raymond Chevallier donne une nouvelle dimension à cette archéologie, qui peut être pratiquée sans grands moyens. Elle acquiert ses lettres de noblesse à partir des années 1960, avec Roger Agache, qui depuis 1960 jusqu’au milieu des années 1970 lorsqu’il publie son livre, repère dans la Somme beaucoup de structures antiques. Elle a permis de découvrir plusieurs centaines de sites lors de la grande sécheresse de 1976 45 .
Les régions de la Somme et du Poitou-Charentes ont été les premières en France où l’archéologie aérienne a donné de remarquables résultats. J. Dassié a pu ainsi prospecter, par exemple, la ville romaine de Novioregum sur plus d’une centaine d’hectares, à Barzan (déjà connue auparavant) et en réaliser le plan précis. Les fouilles ont eu lieu ultérieurement 46 .
Trois éléments expliquent l’essor de l’archéologie aérienne.
DASSIE 1978, XI et 10.
PARROT 1996, 147.
JOCKEY 1999, 146.
Consulter Les dossiers de l’archéologie, n°22, juin 1977 ; AGACHE 1978 ou BOURDE 1997, 264 ; PARROT 1996, 149.
DASSIE 1978, 172-186.
CHARRAUT (D.), CHOUQUER (G.), FAVORY (F.), « Photographie aérienne, traitement numérique de l’image », in Archéologia, décembre 1994, n° 307, pp.24‑32.