X - L’archéologie de l’environnement

On l’appelle également l’archéologie du paysage ou la géoarchéologie. Elle a connu un fort développement depuis une vingtaine d’années, correspondant à un changement épistémologique fondamental. « Le site en tant que point isolé au milieu d’une carte vide, c’est-à-dire en tant qu’habitat ou construction coupé(e) de tout contexte paysager, a vécu. » Les archéologues s’intéressent désormais autant au champ qu’à la ferme, à l’aire de travail qu’à l’atelier lui-même 53 .

Ainsi, ils ont coordonné leurs travaux sur des régions en combinant plusieurs méthodes de recherche et faisant appel à diverses spécialités. L’objectif est l’étude diachronique du peuplement et de l’occupation des sols. On s’intéresse à l’archéologie agraire depuis une vingtaine d’années : le but est de déterminer les formes agraires (parcelles de culture, techniques de plantation, espèces cultivées, …) grâce à des images de paysages (photographies, plans, cartes) 54 .

L’objectif de l’archéologie du paysage est de reconstituer le paléo-environnement des sociétés du passé dans leurs interactions avec un écosystème donné 55 . Le travail est le fruit de recherches différentes et complémentaires à la fois : les sources écrites (archives, carte, toponymie), la fouille, les prospections. Les données sur le paléo-environnement proviennent de disciplines scientifiques telles que la paléobotanique, l’archéozoologie, la malacologie, la pédologie (étude des sols) 56 .

Le Centre d’Archéologie Préhistorique de Valence a publié en 1984 un article qui correspond à cette conception archéologique appliquée à un programme de recherches intitulé « Culture et Milieu des Premiers Paysans de la Moyenne Vallée du Rhône, Archéologie-Biogéographie », sur le néolithique dans la Drôme. La convergence entre sciences humaines et sciences de la nature est nette : la géologie (sédimentologie, pétrologie, pédologie), la géographie, la palynologie, la botanique, l’anthracologie, la zoologie, la malacologie, la physique et la chimie collaborent avec l’archéologie 57 . Mais les programmes de recherche en archéologie du paysage font rarement appel à toutes ces techniques à la fois. Ils en utilisent une grande partie seulement 58 .

Le catalogue de l’exposition récente des fouilles préventives à l’aménagement de la ligne du T.G.V. du musée de Valence présente en particulier un travail méthodologique remarquable de géoarchéologie sur un axe s’étendant entre Orange et Valence environ, qui montre un changement épistémologique net dans la conception du métier d’archéologue 59 .

Notes
53.

CHOUQUER 1991, 16 et LIZET 1987.

54.

CHOUQUER 1991, 9.

55.

JOCKEY 1999, 298.

56.

JOCKEY 1999, 297-307.

57.

BEECHING 1984, 7-10.

58.

CHOUQUER 1991, 9.

59.

MUSEE 2001, 24-39. Consulter aussi le reste du catalogue très intéressant.