XI - La vulgarisation de l’archéologie

Les archéologues ont le souci de diffuser, de communiquer les résultats de leurs opérations de fouilles auprès d’un large public. Ce faisant, ils contribuent au développement de la recherche historique grâce à un ensemble de moyens que nous allons présenter. Il s’agit de sources de renseignements pour les professeurs d’histoire.

Les archéologues donnent régulièrement des conférences publiques. Les revues de vulgarisation locales ou nationales ont contribué à sensibiliser la population par le biais d’articles et de dossiers sur des thèmes très variés. Citons l’exemple des publications des éditions Faton, Archéologia, depuis novembre-décembre 1964, dont le lancement a été un succès 60 , Les dossiers de l’archéologie depuis janvier 1973, et ARKÉOjunior depuis septembre 1994, adapté aux jeunes et d’une grande qualité.

Les maisons d’édition publient de plus en plus d’ouvrages très attractifs sur l’habitat, les villes, destinés à tout public et particulièrement aux jeunes faisant référence aux travaux archéologiques récents. Les livres d’images de reconstitutions historiques remarquables sont nombreux. C’est une tendance très nette 61 . Beaucoup d’ouvrages intéressants pour l’histoire sont disponibles dans les librairies de musées ou de sites archéologiques. D’autres présentent des illustrations bien réalisées de monuments, sous forme de transparents, que le lecteur superpose sur une photographie des vestiges réels. Le public peut aussi se procurer des livres maquettes, soit à monter 62 , soit en relief.

Des dessinateurs se lancent dans les bandes dessinées archéologiques : la série « Chronique de la nuit des temps », réalisée par André Houot, est d’une grande qualité avec, par exemple, Ars engloutie 63 , qui évoque la fouille archéologique subaquatique du site de Charavines-Colletières, en Isère, au XIe siècle. Le voyage à Vasio 64 de Jean Marcellin, décrit une aventure dans la ville de Vaison-la-Romaine. Une ville à travers les âges 65 , de Peter Kent, montre à l’aide de dessins l’évolution urbaine, les constructions de nouvelles maisons sur d’anciennes, détruites, dont il ne reste que quelques vestiges.

Il existe également des livres attractifs en trois dimensions : l’exemple Les châteaux forts, d’Alain Louis et Maurice Pommier, publié chez Hachette jeunesse en 2000, permet de découvrir agréablement une motte castrale grâce à un masque pour regarder les images en trois dimensions.

La vulgarisation de l’archéologie dépend également de l’informatique, qui représente un outil documentaire intéressant en plein essor et accessible. Nous ne citerons que l’exemple d’un cédérom remarquable : Châteaux forts, produit et réalisé par Syrinx, sous la direction scientifique de Nicolas Faucherre, qui montre des restitutions d’images numériques de différents types de châteaux. Les musées peuvent proposer des animations informatiques pour aider le visiteur à comprendre, imaginer un site, une ville ancienne. L’exemple du logiciel des bornes interactives du musée de Saint-Romain-en-Gal, mis en place depuis plusieurs années et modifié en 2002, évoque la visite de la ville gallo-romaine de Vienne et de Saint-Romain-en-Gal par le citoyen romain Maximus.

Les musées archéologiques s’adaptent et s’ouvrent au grand public. Ils collaborent avec les spécialistes. Citons le cas du musée de préhistoire des Gorges du Verdon à Quinson, dans les Alpes de Haute-Provence, ouvert en avril 2001. Ce lieu retrace l’histoire de l’homme depuis un million d’années, suite à un projet présenté en 1989 par Henri de Lumley, préhistorien et professeur au Muséum d’Histoire Naturelle de Paris. Sa conception est moderne : il montre essentiellement des objets originaux, trouvés lors des fouilles dans le Verdon. Des bornes interactives, liées au réseau informatique, sont installées. Des images de synthèse sont proposées aux visiteurs, ainsi que des dioramas fidèles aux résultats scientifiques et des reconstitutions en trois dimensions de scènes de la vie préhistorique, des lieux d’exposition temporaire pour suivre l’actualité de l’archéologie préhistorique. L’archéologie expérimentale est importante : une reconstitution de l’habitat depuis deux millions d’années, des démonstrations et des observations de la taille du silex, et la fabrication du feu sans allumette. Le visiteur peut s’entraîner au tir à la sagaie au propulseur sur une cible. Un jardin néolithique est aménagé, pour observer les végétaux cultivés il y a 5000 ans. Les archéologues ont reproduit aussi un chantier pour montrer et apprendre les techniques de fouille.

Les expositions sont des opportunités pédagogiques, de portée nationale, régionale. C’est notamment l’exposition temporaire du Palais de la Découverte à Paris, du printemps jusqu’au 22 juillet 2001 «  Pompéi, nature, sciences et techniques 66  ». Les résultats des fouilles de sauvetage, liées à la construction des lignes du T.G.V. Méditerranée de la moyenne vallée du Rhône, ont été présentés avec succès dans une exposition de décembre 2001 à mai 2002 au musée de Valence, puis une partie l’a été à la médiathèque de Saint-Paul-Trois-Châteaux, pendant l’été 2002.

Ces moyens de vulgarisation de l’archéologie valorisent la culture matérielle, les méthodes employées, même si les spécialistes peuvent émettre des critiques sur la valeur scientifique lorsque l’éditeur choisit de simplifier les connaissances très techniques pour la plus grande compréhension des lecteurs. Cependant, ils permettent de diffuser auprès d’un large public les idées et les découvertes grâce à un partenariat entre les archéologues et les auteurs de toutes ces communications.

L’archéologie s’est beaucoup développée dans notre société. Elle a multiplié ses champs d’investigation en diversifiant ses thèmes de recherche et ses moyens d’accès à la connaissance historique, à un tel point qu’il faut donc parler des archéologies. L’interdisciplinarité est devenue fondamentale.

Notes
60.

PARROT 1996, 12.

61.

JOCKEY 1999, 174.

62.

Exemple : Construis ta villa romaine, maquette Usborne.

63.

éd. Glénat, 1994.

64.

éd. Chasse-sports, Grignan, 1998.

65.

Ed. Gründ, Paris, 1996, 29 p. (traduction de l’éd. de 1995 chez Macdonald Young Books Ltd).

66.

ARKEOjunior, n°75 mai 2001, pp.20-22.