VII - Analyse des programmes de 1931

L’arrêté du 30 avril 1931 apporte des modifications horaires et de contenu à la réforme de 1925.

Les textes officiels s’inspirent des programmes de 1925, mais sont beaucoup moins détaillés, tout en laissant l’enseignant juge du développement des points du programme. Les idées directrices ne changent pas. Les Instructions de 1931 précisent clairement l’esprit des programmes : l’étude de l’histoire doit être vivante et pittoresque. «  L’enseignement doit être avant tout aussi concret que possible, s’adresser en quelque mesure à l’imagination et non pas seulement à l’intelligence […] et toujours rester à la portée des élèves, proportionné à leur âge. » Les textes demandent de dresser des tableaux historiques, de raconter des anecdotes, afin de limiter l’aspect institutionnel et, d’une manière plus générale, de chercher à séduire l’esprit des élèves. C’est toujours l’objectif affiché depuis de longues années.

C’est pourquoi la réforme de 1931 a maintenu les exercices pratiques mis en place lors de la réforme précédente. Le professeur présente dans ce cadre pédagogique, en classe de quatrième, les arts du Moyen Age d’Orient et d’Occident. Il aborde en troisième des notions d’histoire locale. A travers les études géographiques des villes d’Allemagne et de Grande Bretagne, il analyse les éléments anciens qui les composent. Enfin, en première, il apporte des notions complémentaires sur les civilisations grecque et romaine.

La présentation de la civilisation matérielle demeure un souci pédagogique. Les Instructions évoquent par exemple, en sixième, la manière de vivre des différents peuples de l’Orient et la description des grands personnages de l’histoire grecque. Afin de répondre à cette attente, l’enseignant doit faire appel à des supports archéologiques. Les textes lui recommandent vivement d’illustrer son cours de projections, de cartes postales, de reproductions ou de gravures.

Les remarques formulées sur les textes officiels de 1923/1925 sont confirmées avec la réforme de 1931. Les photographies d’éléments archéologiques sont très présentes dans les manuels, ce qui valorise l’enseignement et complète les textes d’auteurs antiques. Beaucoup étaient déjà publiées dans les éditions précédentes de la même collection de manuels scolaires, correspondant à la réforme de 1923-1925.

L’ouvrage de 5e consulté d’Humbert donne des informations archéologiques intéressantes et développées sur la maison romaine, fondées sur les fouilles de Pompéi. L’éditeur a choisi de présenter une habitation d’une famille aisée, la maison des Vettii, à l’aide d’un plan, d’une photographie du péristyle. Il donne des précisions sur les noms des pièces avec leur fonction, sur les éléments de décoration des murs et du sol (fresques et mosaïques). Il n’oublie pas de préciser que la population pauvre vivait dans des maisons de rapports de qualité médiocre. L’élève peut mieux comprendre l’habitation en s’imaginant la vie romaine : le manuel évoque les monuments, les repas, les vêtements, qui sont renseignés par des statues, les villes d’une manière très générale ¹⁷² . Au sujet du château, nous ne notons pas de changement important par rapport aux textes de 1923-1925 et à l’application des programmes d’histoire sur le Moyen Age à travers le manuel de 4e consulté de 1932 ¹⁷³ . L’Ecole des Annales a donc réussi à exprimer ses idées à travers les manuels scolaires. Il faut diversifier les sources historiques. L’archéologie donne des renseignements spécifiques nécessaires à la culture scolaire en complément de l’histoire textuelle.

Les programmes sont réduits en sixième et en cinquième par rapport à ceux de 1925, car les horaires sont jugés trop lourds. Les points que l’archéologie illustrait ne sont plus traités ou moins développés, concernent les civilisations du Moyen-Orient, l’Egypte, les découvertes ¹⁷⁴ . Mais nous pouvons affirmer, en fonction du contenu des programmes et des exercices pratiques, que l’archéologie est une source importante dans la transmission des connaissances exigées chez l’élève de sixième, cinquième et quatrième.