C - La question de la motivation des élèves

Précisons un autre élément important pour le collège de Suze-la-Rousse : 58 % des élèves de la 5e4 « Archéologie, Patrimoine, Ecriture » de l’année scolaire 1999/2000 sont issus de la classe de 6e4 de l’année précédente, au cours de laquelle ils ont reçu une première initiation à l’archéologie. 42 % des élèves de 6e4 ont choisi de ne pas continuer l’atelier en cinquième avec l’approche historique/archéologique. C’est un pourcentage important, qui montre la relativité du facteur du volontariat dans la transmission didactique et la multiplicité des moyens d’enseignements manifestés par le public scolaire. Cela signifie que 2/5e des effectifs de la classe de 5e4 ont fait une sixième sans profil archéologique particulier.

La comparaison des classes-archéologie avec les classes-classiques dans les établissements de Suze-la-Rousse et de Labastide Saint-Pierre est tout à fait possible, car elles sont réellement hétérogènes. La condition du volontariat est un des très nombreux critères de réussite scolaire. N’oublions pas que le choix de l’atelier « archéologie » relève parfois des parents qui ont pu influencer la décision de leur enfant. La situation pédagogique s’avère donc complexe, car de multiples facteurs sociologiques et pédagogiques influencent les résultats scolaires.

Les élèves des classes-classiques sont aussi déterminés pour réussir leur scolarité. La motivation pour s’investir dans un projet et le mener à bien n’est qu’un critère auquel s’ajoute des facteurs personnels et familiaux. Elle ne suffit pas 274 . Il faut mesurer aussi la didactique des enseignants, fondamentale pour transmettre le savoir.

Alain Lieury, dans une expérience menée auprès de 195 élèves de 5e, établit l’absence de corrélation entre l’ennui et la réussite scolaire : la motivation n’est pas le principal facteur explicatif des bons résultats. Il montre «  que les élèves fortement intéressés » ont une bonne moyenne scolaire (13/20) autant que ceux qui s’ennuient «  modérément ». D’autres, également très intéressés, mais à un moindre degré, obtiennent une moyenne de 10,9/20 «  c’est-à-dire aussi peu que des élèves qui s’ennuient » . L’affirmation «  pour être bon, il faut être motivé » paraît fausse 275 » La motivation correspond à ce que l’on veut faire, par opposition à l’habileté ou à la compétence, qui correspond à ce que l’on sait faire […]. Etre motivé, c’est avoir envie de 276 . » L’élève peut faire un travail sans que rien le motive.

Dans les classes-archéologie, il est souvent plus intéressé par les animations prévues dans le cadre de l’atelier que par l’exploitation écrite en classe et le travail d’apprentissage des leçons qui suit. Mais, quand l’enseignant reprend une attitude habituelle lorsqu’il fait ses cours pendant l’atelier (au tableau, seul sans intervenant), ou quand il demande un travail écrit pour exploiter une intervention en cours d’histoire, la motivation baisse nettement chez l’élève, quelle que soit la classe.

Notes
274.

LAHARIE 2000, 26.

275.

Pour les citations du début du paragraphe : LIEURY 1997 b, 65-66.

276.

RAYNAL 1997, 237.