I - Définir et préparer les actions

Nous avons organisé de multiples expériences, d’animation pour des jeunes scolaires de différents niveaux, en utilisant les ressources locales à proximité de l’établissement.

D’une manière générale, nous avons monté un avant-projet qui détermine les objectifs globaux, les moyens généraux ou les actions à mettre en place, la liste des intervenants et des partenaires financiers, les savoirs, les savoir être et les compétences des élèves, les dates des actions, les évaluations finales et éventuellement initiales. Nous avons prévu une visite préliminaire des lieux étudiés, pour nous rendre compte du travail à fournir et envisager les recherches à obtenir.

Nous avons pris contact avec les intervenants prévus, pour obtenir leur accord de principe ou savoir s’ils seraient favorables au projet, en leur envoyant une copie du dossier ou de manière verbale. En cas de réponse négative, et si nous n’avons pas eu de solution de remplacement, les démarches ont pris fin.

Au contraire, si la réponse a été positive, nous avons développé les rubriques de l’avant-projet pour en faire un dossier plus précis, plus conséquent. Ce dernier a été envoyé en général aux partenaires financiers, pour solliciter une subvention. Il a été transmis aussi aux intervenants qui, après réflexion, ont confirmé ou infirmé leur accord. Une rencontre a été souvent nécessaire entre l’enseignant et le propriétaire ou la direction du site archéologique, afin de vérifier la cohérence du projet. Dans la programmation des séances, à la fin du projet, nous avons toujours prévu un moment avec les élèves ou une réunion entre les professeurs concernés, pour discuter de la mesure des écarts entre ce qui était prévu et ce qui s’est réellement passé.

Lorsque nous avons souhaité organiser des prospections archéologiques de surface, il a fallu remplir une demande d’autorisation auprès du Service Régional de l’Archéologie et des propriétaires concernés. Une grande attention est utile aux délais imposés, aux différents temps année scolaire/année civile, pour gérer les démarches administratives. Dès que les accords ont été obtenus, nous avons informé des responsables de la commune et le président du Syndicat des Vignerons pour des prospections archéologiques dans les vignes. L’organisation matérielle du projet a demandé du temps en général, pour trouver les outils, les plans ou les cartes adéquats. Dans notre programmation des séances, il a été important de penser à des solutions de remplacement en cas de pluie.

Mais il est impossible de prévoir tous les aléas ou les risques, qui peuvent faire échouer en partie le projet : une météorologie défavorable (pour une sortie en plein air, une chaleur étouffante, un vent violent). Nous avons pu commettre des erreurs pédagogiques : fixer des objectifs trop difficiles à atteindre, mésestimer les pré-requis des élèves en les surévaluant.

Voici quelques exemples pour illustrer notre propos :

  • Exemple n°1 : lors d’une sortie à Glanum en 1995 en 6e, nous avions prévu deux parties : d’abord, une visite guidée de 50 minutes pour découvrir le site, et ensuite des ateliers, c’est-à-dire la redécouverte des lieux par les élèves, qui complétaient leur questionnaire pendant 1 h 15. Le guide n’a pu respecter ces temps et a largement débordé : sa visite avait duré 1 h 15 et 1 h 30 pour le second groupe. Le temps de travail propre aux enfants n’a été que de 45 minutes et 10 minutes respectivement. Nous n’avons pas su faire respecter les conditions de la visite par le guide, conditions élaborées pourtant avec lui 434 .
  • Exemple n°2 : à l’occasion d’une séance d’initiation à la prospection archéologique de surface dans des vignes pour les élèves de 6e de Suze-la-Rousse en février en 1999, l’archéologue et moi-même avons dû interrompre la séance de travail, car il faisait très froid à cause d’un fort mistral. Les élèves étaient plus préoccupés par les problèmes de météorologie que par l’objet de la recherche. Nous sommes alors revenus au local, pour y laver du matériel et le traiter. Nous avons ensuite analysé une coupure d’article de presse sur des découvertes archéologiques.
  • Exemple n°3 : lors d’une séance d’initiation à la fouille archéologique avec un groupe 6e de Suze-la-Rousse le 10 mars 1998 435 , nous faisions travailler des élèves dans un sondage par groupe de deux librement constitués, pour y déterminer et définir les couches stratigraphiques. Un des groupes n’arrivait pas à avancer et ne voyait pas les couches. Nous avions des difficultés sur place à leur faire comprendre sans leur donner la réponse.

Nous avons commis quatre erreurs :

  • Nous n’avions pas introduit et préparé la notion de stratigraphie en classe : erreur de méthode.
  • Nous aurions dû équilibrer les groupes ; certains, plus actifs, se « débrouillaient » mieux que d’autres, parce ce qu’ils avaient moins de difficultés.
  • L’exercice était nouveau, trop ambitieux pour une partie de la classe. C’est pourquoi le travail a pris beaucoup de temps. C’est une erreur d’objectif.
  • Une erreur d’organisation : il aurait fallu un deuxième archéologue pour encadrer ce genre d’activité auprès des élèves. Nous ne nous attendions pas à de tels effets.

Notes
434.

GUILLAUME 1995, 28 et GUILLAUME 1997, 64.

435.

Cette séance a fait l’objet d’une inspection pédagogique. L’inspecteur pédagogique régional a noté dans son rapport l’un des quatre défauts pédagogiques développés.