VI - A Rochegude

C’est une petite école rurale de 150 élèves (90 en élémentaire) pour une population totale de 1000 habitants. Les milieux socioprofessionnels concernent l’agriculture, l’industrie et les services. La plupart des personnes travaillent dans les communes urbaines à proximité, une majorité est employée en particulier par le site nucléaire d’EURODIF et ses sous-traitants.

La commune est dotée d’un patrimoine notable architectural (château, remparts de village, deux chapelles romanes). Comme Suze-la-Rousse à cinq kilomètres, Rochegude a conservé son centre médiéval, mais avec beaucoup moins de vestiges. Le patrimoine archéologique semble important : des sites archéologiques existent, mais n’ont pas encore été l’objet d’un inventaire approfondi. Pour les ressources culturelles, nous renvoyons aux paragraphes qui concernent Suze-la-Rousse.

Les animations ont été assurées gracieusement par l’association «  Archéo-Drôme », qui reçoit une subvention communale. Un dossier pédagogique a été réalisé en collaboration avec les enseignants pour définir précisément le projet appelé «  la découverte du patrimoine à travers le métier d’archéologue ». Celui-ci a débuté au début de l’année scolaire 1996/1997 avec des classes de C.E.1 à C.M.1. L’objectif est d’utiliser le patrimoine archéologique local pour expliquer le métier d’archéologue. Les élèves ont rempli un test initial avant les animations, qui est sans intérêt notable. Ils ont appris à prospecter en surface dans les vignes de deux quartiers pour repérer les sites, après une série d’animations : présentation de matériel gallo-romain, exposition du service de la carte archéologique du Service Régional de l’Archéologie Rhône-Alpes par une personne de cette administration, séance sur les techniques de recherches archéologiques en diapositives, visite du musée et des fouilles de Vaison-la-Romaine.

Un test court sur l’archéologie a été réalisé après une séance de travail de prospections archéologiques de surface, le 25/11/1996. Il comporte sept questions 459 . Nous avons commis l’erreur de demander, en général, une réponse écrite. Une seule question consiste à dessiner trois céramiques différentes.

A la question 1 «  Comment l’archéologue fait-il pour trouver tous ces morceaux de céramiques », 42 % des élèves répondent juste, 36 % faux. 20 % n’ont pas répondu. Tous ont pu donner les couleurs des céramiques (question 2). 67 % ont trouvé une fonction des fragments de céramiques trouvés (question 3) : matériaux de la maison (tuile, carreaux), stockage du grain ou du vin, conservation des aliments, transporter des marchandises, écraser du blé. ou les tessons font partie d’un vase. 25 % n’ont pas donné de réponse. 82 % ont compris que les céramiques sont faites en argile (question 4). A la question 5, 73 % des élèves ont répondu que les fragments de céramiques étaient fabriquées par les gaulois ou les romains ou les gallo-romains. Les autres ont pensé au potier, aux hommes préhistoriques et aux « anciens ». Seuls 8 % donnent une fausse réponse ou ne répondent rien.

Nous n’avons pas remarqué de différence notable entre les différents niveaux de classe, C.E. 1, C.E. 2 et C.M. 1. En revanche, les élèves du cours moyen réussissent mieux en pourcentage à la première question 6 : 38 % des C.M. 1 expriment l’idée que les céramiques indiquent la présence d’un site (maison, romains ou site). Ils sont 7 % au C.E. 2 et 20 % au C.E. 1. Bien entendu, le pourcentage d’erreur est plus fort dans les petites classes. Paradoxalement, ce sont les élèves du C.E. 1 qui ont réussi en plus grande proportion les trois dessins de céramiques différentes demandées.

Ce projet montre qu’il est possible de faire de l’archéologie dans ces classes élémentaires et de mettre en évidence les liens entre l’archéologie et le passé des hommes. Il faut prendre beaucoup de précautions, et être attentif à s’adapter à leur niveau. Cela requiert de l’expérience. C’est pour cette raison que notre test initial est inexploitable. Nous avions commis l’erreur de mettre trop de questions demandant une réponse formulée écrite. Nous avons ensuite collaboré avec les enseignants. Dès que les questions deviennent techniques ou trop abstraites, comme la notion de site, les élèves ont des difficultés. L’expérience demeure positive et très intéressante.

Au cours de l’année 1997/1998, avec une grande partie de ces élèves (C.E. 2 à C.M. 2), nous avons quasiment prospecté toutes les parcelles du quartier choisi, après une séance d’initiation, de redécouverte et de manipulation du matériel céramique historique.

Enfin, le projet est arrivé à son terme pendant l’année 1998/1999. Les élèves du cycle 3 460 ont travaillé sur des lettres de demande de renseignements à des musées. Ils ont lavé et marqué à l’encre de chine les céramiques. Ils ont terminé de prospecter le quartier.

Ils ont présenté leur travail, fruit de trois années scolaires de recherches, à la fête de leur école sous forme d’exposition de dessins montrant l’évolution du paysage depuis l’âge du Fer jusqu’à la période contemporaine. Une évaluation a eu lieu sur la technique de prospections en fin d’année.

Analyse du questionnaire sur les prospections archéologiques de surface rempli le 3 mai 1999 (cf. annexe 438)
réponse en %
question
réponses
exacte
réponse
fausse
réponse incomplète pas de réponse totaux
1 : ce que recherche l’archéologue 86 3 0 11 100
2 : lien prospection/
histoire
67 0 8 25 100
3 : technique 39 11 50 00 100
4 : repérer
un site
100 0 0 0 100

Les élèves ont très bien compris l’objet de la recherche (les céramiques), et comment l’archéologue repère un site (en fonction de la densité des fragments). Deux tiers d’entre eux savent expliquer le lien entre archéologie et histoire. En revanche, la moitié se trompe, lorsqu’il s’agit de préciser les techniques employés. Les prospecteurs se placent à cinq mètres de distance l’un de l’autre. Tout l’espace de la zone du site est prospecté quand celui-ci est découvert. Le résultat global est positif. Le projet les intéresse. Ils ont pu laver, marquer les fragments de céramiques, et dater les sites repérés dans les quartiers de leur commune. Ils ont contribué à l’histoire de leur village.

C’est un projet relativement facile à mettre en place, peu onéreux. L’archéologue est intervenu bénévolement. La seule contrainte est d’obtenir l’autorisation demandée par l’archéologue de prospecter auprès du Service Régional de l’Archéologie. Un rapport d’opération doit être rendu officiellement. Les enseignants peuvent intégrer certaines tâches du rapport au travail pédagogique : lavage, marquage, tri sommaire du mobilier, courriers, illustrations.

Notes
459.

Annexe 437.

460.

10 élèves de C.M. 1 et 26 de C.M. 2.