Préface

Depuis plusieurs siècles, de nombreux auteurs ont raconté l’histoire des rapports entre la France et la Perse. En se référant à leurs ouvrages, nous apprenons que les premiers missionnaires arrivèrent en Perse en 1246. Quelques lettres furent échangées avant et pendant le règne de Philippe le Bel et les premières relations commerciales eurent lieu au XVe siècle. La France se mit à s’intéresser à la Perse plus précisément à partir du XVIIe siècle. Colbert contribua au développement du commerce en envoyant un des directeurs de la Compagnie française des Indes à Ispahan. D’autres envoyés lui succédèrent. Colbert eut également un très grand rôle dans l’étude des langues orientales en envoyant des jeunes gens au Levant. A leur retour, ces jeunes gens devenaient secrétaires-interprètes. L’Institution des Jeunes de Langues fut fondée par Colbert en 1669. Les relations entre la France et la Perse furent interrompues au XVIIIe siècle à cause de l’invasion des Afghans. Elles furent reprises au début du XIXe siècle avec Napoléon et Fath Ali Šâh.

Durant l’époque antérieure au XIXe siècle, plusieurs livres furent traduits du persan en français dans différentes matières. Nous pouvons citer le Gulistan ou l’empire des roses de Sa’di, traduit par André Du Ryer en 1634. Plus tard, M. d’Allègre traduisit le même livreet publia sa traduction en 1704. Le Zend-Avesta fut traduit en français sur l’original Zend par Anquetil-Duperron en 1771. Histoire des rois de Perse, de la dynastie des Sassanides fut traduite du Persan de Mirxond par Silvestre de Sacy en 1793.

Des missionnaires et voyageurs laissèrent plusieurs ouvrages intéressants dans les domaines différents. En 1678, Tavernier publia un récit complet de ses voyages intitulé Les Six Voyages de J. B. Tavernier en Turquie, en Perse et aux Indes pendant l’espace de 40 ans. En 1686, Chardin publia le Journal du voyage du chevalier Chardin en Perse et aux Indes Orientales. Le Père Ange de la Brosse publia un dictionnaire en quatre langues (italienne, française, latine et persane) en Belgique en 1684, intitulé Gazophylacium linguae persarum. Le Père Raphaël du Mans, durant un long séjour en Perse de cinquante deux ans (1644-1696), fut en contact avec toutes les couches sociales et rédigea l’Estat de la Perse en 1660 où il décrivait parfaitement la situation de la Perse au milieu du XVIIe siècle. De même, le père Gabriel de Chinon, un autre religieux capucin, rédigea une Nouvelle relation du Levant qui parut en 1671 à Lyon. La publication des récits de voyage a continué jusqu’à nos jours. En 1904, Pierre Loti publia Vers Ispahan, un classique où l’auteur raconte ses souvenirs.

En 1795, l’Ecole spéciale des Langues Orientales fut créée à Paris. Ce fut l’orientaliste Langlès qui proposa en 1790 à l’Assemblée constituante, la création de cette nouvelle école pour remplacer l’Ecole des jeunes de langues fermée depuis 1789. De la date de sa création jusqu’en 1823, il fut le directeur de l’Ecole. En 1821, la Société Asiatique de Paris fut fondée et sa première séance générale fut tenue le 1er avril de la même année sous la présidence de Silvestre de Sacy. Deux ans après, cette Société lança la publication du Journal Asiatique. En Iran, la création de l’école polytechnique de Téhéran en 1848 fit ensuite naître le besoin de disposer de traductions de livres européens. Le français étant la langue la plus connue, des livres scientifiques, des romans et des livres scolaires furent traduits du français en persan. Sous l’influence des traducteurs, entre autres, des mots français entrèrent dans la langue persane.

Ce fut au XIXe siècle que les relations littéraires prirent une ampleur considérable. Le nombre des traductions se multiplia. Jules Mohl, un Allemand de Stuttgart et professeur de persan au Collège de France, traduisit Le Šâhnâme entre 1838 et 1878 en sept volumes et le publia dans une édition bilingue en 1876-78. Les Quatrains de Khèyam furent traduits par J. B. Nicolas, consul à Rašt, en 1867. Garcin de Tassytraduisit en prose le Langage des oiseaux et publia son œuvre en 1857. Le Bustân fut traduit intégralement pour la première fois par Barbier de Meynard en 1880. La traduction intégrale du Gulistan oudu Parterre de fleurs fut publiée en 1834 par N. Semelet, professeur à l’Ecole des Langues Orientales. A. L. Chezy traduisit en prose Medjnoun et Leïla, en deux partieset le publia en 1807. Plusieurs auteurs français comme Hugo, Jean Lahor, Judith Gautier, Gobineau, Leconte de Lisle et Gide se sont inspirés de ces traductions.

Nous pouvons nous interroger sur les raisons de l’ampleur des relations littéraires entre les deux pays au dix-neuvième siècle. Nous pouvons nous demander pourquoi le nombre des traductions a augmenté au cours de ce siècle plus que dans les siècles précédents ? Quel était leur impact ? Pourquoi certains auteurs français se sont inspirés de la littérature française ? Quels étaient leurs critères ?

En effet, plusieurs événements se sont produits au cours des XVIIIe et XIXe siècles. Dans les années quatre-vingts du XVIIIe siècle, alors que l’Orient apparaît comme le berceau de la religion et de la philosophie de l’Occident, les savants cherchèrent à découvrir la partie primitive de la race européenne dans l’Orient. Ce fut alors que les recherches pour connaître le sanscrit commencèrent. L’indianisme naquit à cette époque. Il y avait toujours l’Inde : au début du seizième siècle, les Portugais y avaient installé les premières bases de la présence européenne. Puis, les Anglais, après une longue période d’activité commerciale, de 1600 à 1758, dominèrent politiquement ce pays en l’occupant.

Anquetil-Duperron, théoricien excentrique de l’égalitarisme, et William Jones, linguiste polyglotte et maître de grammaire persane, furent les premiers piliers de l’indianisme. Anquetil-Duperron arriva en Inde en 1754. William Jones y arriva en 1783. Ce dernier fut le premier poète anglais que l’Inde ait profondément inspiré. Il traduisit en français l’Histoire de Nader Schah en 1770 et un an plus tard, il donna une remarquable grammaire persane qu’il traduisit ensuite en français. Le fameux Sacountalâ de Câlidâsa fut traduit par Jones en anglais en 1789. Ce fut cette oeuvre qui développa chez Herder, le philosophe allemand qui séduisit Goethe, l’amour de l’Inde. En 1776, Herder avait été profondément frappé par la traduction de Zend-Avesta. Le rôle de ce philosophe fut incontestable pour répandre parmi les romantiques le fait que le berceau de toutes les divines humaines se trouve en Inde.

En Europe, la Grande Bretagne (Londres et Oxford) demeura plutôt le lieu de la naissance de l’indianisme que celui de son expansion (de 1785 à 1825 à-peu-près). Quant à Paris, il filtra et généralisa. Des années 30 aux années 50 environ, l’Allemagne (Iéna, Weimar, Heidelberg, Bonn, Berlin et Tubingen) sera le lieu de la Renaissance indienne. Vers 1855, vint l’époque de maturation.

Une autre science se développa : l’orientalisme. C’est au début du XIXe siècle pour la France et la fin du XVIIIe siècle pour l’Allemagne que se produisit son essor. Ce fut à ce moment là qu’il y eut une alliance entre les découvertes archéologiques d’un côté et le milieu littéraire de l’autre pour aboutir à des créations inédites. Cependant, l’orientalisme est né bien avant cette époque. « Son existence formelle a commencé, dans l’Occident chrétien, avec la décision prise par le concile de Vienne, en 1312, de créer une série de chaires de langues arabe, grecque, hébraïque et syriaque à Paris, Oxford, Bologne, Avignon et Salamanque » 1 . Au début du XVIIIe siècle, il n’était qu’une étude de l’hébreu pour les théologiens, de l’arabe, du persan et du turc pour les interprètes, plus très peu de chinois recueillis par des missionnaires. Encore il fallait aller les chercher dans les collèges catholiques en Suisse ou en Hollande. A l’époque, le Persan était la langue diplomatique et commerciale de l’Asie centrale.

Les Mille et une Nuits, furent traduites en français par Antoine Galland, orientaliste, numismate, grand voyageur et amateur de café. Elles ont introduit un grand nombre d’images dans les milieux culturels. Les douze volumes de cette traduction furent achevés en 1717. Le premier volume parut en 1704 à Paris.

C’est Antoine Galland qui ouvrit à l’imaginaire occidental la porte magique de l’Orient. D’autres orientalistes anglais et allemands traduisirent également cette œuvre. Nous pouvons citer en anglais celles d’Henry Torrens (1838), de Lane (1839-1841), de Payne (1882-1889), de Burton (1885-1888) et en allemand celle de Max Hennig (1895-1897). D’ailleurs, aucune de ces traductions ne s’en tient exactement au texte original de l’œuvre. La première édition des Mille et une Nuits en arabe conforme aux sources anciennes parut à Calcutta en 1814.

Quelques années après la parution des Mille et une Nuits, au printemps 1721, et six ans après la mort de Louis XIV, parurent en France les Lettres persanes qui eurent un très grand succès. A ce moment là, le pouvoir était redevenu autoritaire et la Régence allait se terminer.

Ce fut un livre pour peindre ironiquement la société française et dépayser les Français en mêlant un roman de mœurs orientales avec des histoires qui se passaient dans les harems, quelques précisions géographiques et historiques et un calendrier bien adapté. L’aspect politique des Lettres persanes fut incontestable. Ce livre fut publié à une époque où tout ce qui venait d’Orient était bienvenu. Depuis plus de cinquante ans, la curiosité française s’était ouverte aux civilisations de l’Est. Les contes des Mille et une Nuits avaient séduit les imaginations françaises. Quelques ambassades opportunes également avaient excité leur curiosité et avaient fait admirer la grandeur des souverains orientaux.

Partis d’Ispahan le 19 mars 1711, les Persans imaginaires de Montesquieu étaient arrivés à Paris le 4 mai 1712. Pendant huit ans, jusqu’en novembre 1720, ils avaient regardé vivre les Français. Et les Français étaient curieux de savoir ce que ces orientaux pouvaient penser d’eux. Montesquieu n’a jamais voyagé en Perse et ses connaissances sur l’Orient viennent de ses lectures sur ces contrées. Il avait lu le Coran et les récits de Tournefort, de Chardin et de Tavernier.

A part Montesquieu, d’autres écrivains connus avaient également puisé des sujets dans l’histoire et la littérature persane aux XVIIe et XVIIIe siècles. En 1645, Corneille écrivit Rodogune, une tragédie sur les Perses. Suréna fut sa deuxième tragédie persane. Racine écrivit deux tragédies sur la Perse : Mithridate et Esther. Dans Les Guèbres ou la tolérance et Les Scythes, Voltaire prit ses modèles de tolérance chez les Perses. La Fontaine et Saint-Lambert s’inspirèrent de Sa’di dans les Fables et les Fables orientales. Diderot inséra sa traduction de certaines historiettes de Sa’di dans son Encyclopédie.

Un des piliers de l’orientalisme, le grand linguiste Silvestre de Sacy, qui occupait depuis 1796 la chaire d’arabe à l’Ecole des Langues Orientales vivantes, obtint en 1806 les chaires de persan et d’arabe au Collège de France, dont il devint l’administrateur en 1823. Il avait été le premier orientaliste européen moderne qui travaillait sur la Perse, l’islam et la littérature arabe. Il inventa une nouvelle méthode dans l’enseignement de ces deux langues. Alors, une nouvelle porte, jusqu’ici presque fermée, s’ouvrit à l’Occident pour faire connaître la Perse prémusulmane. La science orientaliste se développa simultanément à Paris avec Silvestre de Sacy, à Vienne avec le baron Hammer-Purgstall et à Goettingue avec Eichborn. Les sciences prouvaient que l’arabe et l’hébreu n’avaient rien à voir avec l’indogermanique.

En Allemagne, l’Orient introduisit certains thèmes dans la poésie lyrique, les œuvres d’imaginations et les romans. Au moment où l’orientalisme venait de se développer, le Divan de Goethe vit le jour en Allemagne, en 1819. L’édition de 1820 contient quelques poésies de plus et l’édition de 1836, publiée après la mort du poète renferme des poèmes tirés des papiers posthumes. « Le Divan » qui signifie « le recueil » en persan fut inspiré du lyrisme persan notamment le grand lyrique Hâfez, à qui Goethe s’identifia et dont il fit son maître.

Ce fut dans les années quatre-vingt-dix du XVIIIe siècle que Goethe s’initia à la poésie de Saadi et Hafiz. En 1808, il lut la traduction de Medjnoun et Leïla du poète persan Jâmi par Hartmann. En 1809, il lut le poème Chirine, traduit par Hammer qui avait combiné plusieurs sources orientales. Pour la première fois, en 1812 et 1813, parut la traduction entière du Divan de Hafez par Hammer. Ce fut à cette époque que Goethe se réfugia dans l’Orient pour échapper aux inquiétudes qui l’assaillirent à son retour de Teplitz. Vers 1816-1817, il s’initia au persan en copiant des manuscrits iraniens. Goethe ouvrit la porte aux grands poètes de l’Orient notamment les poètes persans comme Hafiz, Sa’di et Jâmi. Le but était de ne pas rester dans le domaine du national mais de rassembler l’Orient et l’Occident.

Bien sûr, Goethe voit en Hafiz un matérialiste. Il voit en Hafiz un poète sensuel qui vivait dans le présent et qui respirait la joie de vivre. Il reconnaît dans ce vieux poète persan qui, malgré les événements politiques de l’époque, continuait à chanter le rossignol, l’amour, les roses et le vin.

Goethe s’intéressait à toutes les religions et surtout au parsisme qui lui parut occuper le premier rang. La religion du Soleil, du Feu, de la lumière, de l’ordre, de la pureté et de l’opposition entre le bien et le mal. A coté de cette religion, il se servit également de la mystique du soufisme pour s’exprimer sous forme symbolique.

En France, Le baron d’Eckstein persuada les écrivains français notamment Hugo de recourir à des sources orientales et médiévales. Influencé par l’Allemand Frédéric Schlegel, il était persuadé que la littérature orientale allait arriver au même niveau que la littérature grecque au XVIe siècle. Schlegel devint pour l’Allemagne ce que William Jones avait été pour l’Angleterre.

Ernest Fouinet approvisionna Hugo de textes orientaux. A son tour, en 1830, dans un Choix de poésies orientales traduites en vers et en prose, il reprit les textes qu’il avait prêtés à Hugo un an auparavant. C’est grâce à Fouinet que des poètes persans comme Ferdowsi, Attâr et Rûmi furent connus par la suite en France.

La raison du développement littéraire au XIXe siècle en France vient aussi du fait que des relations diplomatiques continues s’établirent entre les deux pays. Nous y reviendrons dans l’« Introduction ». Nous devons rappeler également le passé historique de la Perse qui était le lieu de croisement de plusieurs cultures et la richesse de ce pays en poésie. Certains auteurs français voyaient l’image d’eux-mêmes dans les poètes persans, c’est le cas de Jean Lahor et Gide.

D’importants travaux ont été publiés sur l’Orientalisme. Nous ne pouvons pas citer tous ces ouvrages d’autant plus qu’il en existe d’autres que nous ne connaissons pas. Cependant, parmi ceux qui apportent davantage la lumière sur cette science, nous pouvons en mentionner deux : L’Orientalisme 2 et La Renaissance Orientale 3 . Dans le premier ouvrage, Edward Saïd dessine un grand cercle autour de tous les aspects de l’orientalisme pour les analyser en terme de temps et de motifs politiques et philosophiques. Il étudie la perception qu’ont eue les Anglais, les Français et les Américains du monde arabe et du monde islamique. Il étudie aussi comment l’Europe s’était engagée dans les cultures plus lointaines, les principales étant la Perse et l’Inde. Il retrace le développement de l’orientalisme.

Le deuxième ouvrage est un travail encyclopédique remarquable sur certains aspects du contact de l’Europe et de l’Orient. C’est un ouvrage sur les études orientales, leur évolution (étape par étape) durant des siècles, la découverte du sanscrit et les amples répercussions de l’orientalisme sur l’Occident. Raymond Schwab étudie les auteurs impliqués dans la propagation et la transmission de l’orientalisme ainsi que leurs œuvres.

Sur la situation historique de la Perse avec ses voisins et avec l’Occident à l’époque des Qâjârs 4 au XIXe siècle, nous pouvons citer la thèse de doctorat de B. Naderzad 5 sous la direction de M. Rodinson qui est composée de deux parties : premièrement, la situation historique de la Perse dans la seconde moitié du XIXe siècle ; les rois et les ministres qui se sont succédé ainsi qu’une biographie succincte de trois personnages politiques qui avaient des idées réformatrices à savoir Mirza Taqi Xân Amir Kabir, Malkom Xân et Jamâl-Ed-Din Assad Âbâdi. Dans cette partie, l’auteur fait également allusion à d’autres personnages moins connus. La deuxième partie concerne la traduction de Khalsé, un livre d’E’temâd-Al-Saltane, l’homme célèbre de l’entourage de Nâser-Ed-Din Šâh. Ce livre, composé de onze chapitres, est un long procès qui se passe dans l’au-delà et durant lequel, comparaissent les onze premiers ministres qui ont servi les rois Qâjârs jusqu’à l’époque de l’auteur.

Quant à l’influence de la littérature persane sur la littérature française, nous pouvons citer la thèse de doctorat de Nayyereh Samsami intitulée L’Iran dans la littérature française 6 où l’influence des poètes persans sur les auteurs français a été étudiée du XVIIe siècle jusqu’en 1935.

Dans un ouvrage intitulé De Sa’di à Aragon, publié trois ans après notre inscription de thèse, M. Hadidi étudie « L’apport de la littérature persane dans la littérature française ». Pourtant, dans aucun de ces ouvrages, l’influence des poètes persans sur l’œuvre de Judith Gautier ne figure. Dans notre étude sur les relations entre la France et la Perse, nous n’avons pas traité les mêmes sujets que nos prédécesseurs ou bien nous avons essayé d’approfondir certains thèmes évoqués auparavant.

Etant donné le nombre important des traductions au XIXe siècle et l’impact de ces traductions sur les œuvres de certains écrivains français, nous nous sommes proposé d’établir, dans un premier temps, la liste des traductions du français en persan et du persan en français (leur nombre, les auteurs traduits…) Pour pouvoir définir la période sur laquelle nous allons travailler, nous nous sommes basé sur la littérature française au XIXe siècle. Dans ce siècle, Victor Hugo est le premier écrivain connu qui s’est inspiré de la littérature persane avec les Orientales en 1829 et André Gide est le dernier écrivain connu avec les Nourritures Terrestres en 1897.

Pour constituer la bibliographie des ouvrages français sur l’Iran qui nous servira de base pour étudier un aspect des relations littéraires entre la France et l’Iran au XIXe siècle, nous avons consulté plusieurs bibliographies dont la Bibliographie française de l’Iran de 1560 à 1951 de Mohsen Saba et A Bibliography of Iran de Y. M. Nawwâbi ainsi que différents ouvrages concernant l’Iran dont nous ferons figurer les titres dans la bibliographie de cette thèse. Nous avons sélectionné les ouvrages correspondant à la période que nous nous proposons d’étudier c’est-à-dire de 1829 à 1897. Ces ouvrages ont été publiés aussi bien en France que dans différents pays (Russie, Turquie...). Ils ont été rédigés en français, en persan ou traduits de différentes langues en français. Nous avons systématiquement essayé d’établir la distinction entre les traductions du persan en français et les ouvrages publiés directement en français par des auteurs persans.

Nous avons conservé le classement thématique des auteurs mais vu l’ampleur de chaque partie, nous y avons ajouté de nombreux sous-thèmes dans un souci de plus grande clarté. De plus, à l’intérieur de chaque thème et sous-thème, nous avons classé les ouvrages selon un ordre chronologique afin de mettre par la suite en évidence l’évolution des relations entre la France et la Perse.

Les ouvrages composant cette bibliographie ne concernent pas uniquement la littérature mais aussi la religion, le commerce, les voyages, la société, les sciences et techniques. Ils mettent en évidence la diversité de la nature des relations entre la France et la Perse. Nous compléterons cette bibliographie par une bibliographie des ouvrages en persan sur la France afin de pouvoir disposer du panorama complet des relations littéraires entre ces deux pays.

Nous n’avons pas cité uniquement les volumes mais aussi les articles de revues. A chaque fois, ces articles ont été classés sous le titre de « Revues ».

Le système de translittération est celui du dictionnaire français-persan par Gilbert Lazard que nous reproduisons comme suit :

ا حرف با صداﻯ اول كلمه ,â ص s  
آ â   ض z
اﻮ u ط t  
ب b ظ z  
پ p ع يا حركت بدون حرف
ت t غ q  
ث s ف f  
ج j ق q  
چ c ك k  
ح h گ g  
خ x ل l  
د d م m  
ذ z ن n  
ر r v ,w ,u, ow, ﮔﺎﻫﻰ o    
ز z ه h , -e  
ژ ž ي y, i, ey  
س s ’ أ ﺌ ؤ ou rien  
ش š      

La plupart des titres persans étaient traduits en français ; lorsqu’ils ne l’étaient pas, nous les avons traduits et ils figurent entre crochets. L’orthographe des titres de livres et de revues en français est reproduite telle qu’elle était à l’origine.

Pour analyser au mieux l’influence de la littérature persane sur la littérature française, après une introduction historique, nous examinerons un certain nombre de points qui nous paraissent significatifs :

Chapitre I : les caractères de la traduction d’Omar Xayyâm par J. B. Nicolas (1867).

Chapitre II : la présence de la littérature persane dans l’œuvre poétique de Victor Hugo.

Chapitre III : le cas Jean Lahor.

Chapitre IV : le cas Judith Gautier (et un aperçu de l’influence de Medjnoun et Leïla sur l’œuvre de Gobineau et Leconte de Lisle.)

Chapitre V : André Gide et la Perse.

Comme nous pouvons le constater, nous suivons (sauf dans le chapitre I) un ordre approximativement chronologique.

Il va de soi qu’il s’agit là de sondages, dans une série de rapports bien plus complexes, et qui concernent beaucoup plus d’écrivains que les six que nous avons choisis.

Dans les deux appendices qui suivent :

  1. Dans la première partie de l’appendice I, nous fournissons au lecteur une bibliographie sur six poètes persans. La deuxième partie consiste en une série d’indications sur les auteurs persans qui ont été portés plus ou moins à la connaissance du public français (traductions de leurs œuvres ; indications sur leurs caractéristiques.) Dans la troisième partie, nous trouvons un résumé de différents genres de la poésie persane : la qaside, le qazal et le taqazzol, le robâiyât, le masnavi, le qat’e, le mofrad, le tarji’band et le tarkibband.
  2. Dans l’appendice II, nous avons établi deux bibliographies développées des relations entre la Perse et la France de 1829 à 1897.

Dans la première partie de l’appendice I, pour faciliter le travail du lecteur et pour lui permettre d’avoir toutes les traductions réunies, nous avons repris celles citées dans l’appendice II les concernant. C’est le cas par exemple du Livre des Rois de Ferdowsi, traduit en français de 1838 à 1878 par Jules Mohl qui se trouve à la fois dans les appendices I et II. Dans l’appendice II, nous nous sommes limités à la période qui va de 1829 à 1897 alors que dans l’appendice I, nous n’avons fixé aucune date.

La bibliographie des ouvrages en persan sur la France qui se trouve à la fin de l’appendice II a été constituée à partir de l’ouvrage anglais The Press and poetry of modern Persia que nous avons ensuite traduite et complétée. Cette partie n’est pas complète pour plusieurs raisons : d’abord, tous les livres ne se trouvent pas en France. Ensuite, les différentes orthographes pour le même nom rendent le travail très compliqué, sans compter que, parfois, nous n’avons que le titre du livre.

Notes
1.

Saïd Edward. L’Orientalisme, traduit de l’américain par Catherine Malamoud. Préface de Tzvetan Todorov. Paris, Editions du Seuil, 1980, p. 66.

2.

Ed. cit.

3.

Schwab Raymond. La Renaissance orientale. Préface de Louis Renou. Paris, Payot, 1950.

4.

La dynastie régnante en Perse de 1794 à 1925.

5.

Naderzad. B. Le livre de la vision. Essai sur la Perse pendant la seconde moitié du XIX e siècle. Thèse de doctorat du 3e siècle. Préparée sous la Direction de Monsieur le Professeur M. Rodinson. Université de Paris, 1973.

6.

Samsami Nayyereh. L’Iran dans la littérature française. Paris, Presses Universitaires de France, 1936.