Les relations entre la Perse et la France reprirent au début du XIXe siècle grâce à Fath-Ali Šâh (1797-1834) et à Napoléon. Le premier espérait avec l’aide du second reprendre la Géorgie aux Russes, conquérir Bagdad et l’Irak-Arabie ; Napoléon avait lui pour projet d’envahir l’Inde en passant par la Perse afin de créer des difficultés à l’Angleterre. Pour cela, il envoya plusieurs missions et des relations suivies s’établirent avec la Perse. Le dernier envoyé de Napoléon à la cour du Šâh fut M. de Lablanche. Il fut remplacé le 15 octobre 1807 par M. Rouman qui s’occupa des intérêts de la France jusqu’à l’arrivée du Général Claude-Mathieu de Gardane à la suite de la signature du traité de Finkenstein 10 .
Le Général de Gardane avait la qualité d’attaché à la personne de Napoléon : son choix permettait à l’Empereur de montrer au Šâh l’intérêt qu’il portait à cette ambassade :
‘« Le Général Mathieu Gardane, chef de la mission envoyée en Perse, avait fait la campagne d’Italie comme colonel du 9e régiment de chasseurs à cheval. Promu général sur le champ de bataille, il était bien vu de Napoléon qui l’avait nommé gouverneur des pages, puis son aide de camp, en lui donnant souvent des marques de sa confiance.Napoléon en choisissant le Général de Gardane voulait également poursuivre la politique de l’Ancien Régime qui avait toujours veillé à n’envoyer en Perse que des personnes au comportement parfaitement irréprochable 12 .
Le traité de Finkenstein fut signé le 4 mai 1807 lors de la venue de Mirzâ Rezâ à Vienne où il fut reçu par Napoléon.
Ce traité garantissait à l’Iran de la part de la France l’intégrité de son territoire actuel, reconnaissait l’appartenance légitime de la Géorgie à l’Iran. La France promettait de tout mettre en œuvre pour contraindre la Russie à évacuer la Géorgie et s’engageait à fournir des canons, des fusils, des officiers, des ouvriers en quantité nécessaire. En effet la France voulait empêcher la Russie de progresser davantage en Perse et d’avoir ainsi accès à la Turquie par la Géorgie, elle souhaitait donc surtout renforcer militairement la Perse face à la Russie.
De son côté la Perse s’engageait à déclarer la guerre à l’Angleterre, à expulser tous les Anglais de son territoire, à fermer son territoire à tous les agents anglais et à entrer dans le système du blocus continental, à s’entendre avec les Afghans, les Mahrattes, les autres peuples du Kandahar pour marcher sur les possessions anglaises de l’Inde, à donner passage à une armée française si Napoléon venait à avoir le projet d’une expédition aux Indes.
Les engagements de la Perse en faveur de la France étaient très précis alors que ceux de la France envers la Perse étaient beaucoup plus vagues. En fait Napoléon était surtout préoccupé par les Anglais tandis que le Šâh l’était par les Russes, ce fut le principe d’un malentendu qui ne tarda pas à se manifester.
De plus le contenu de ce traité montre que Napoléon n’avait pas une idée très juste de la situation de la Perse : le pays était affaibli par un siècle d’anarchie, il était à la merci de la Russie et était encore moins en état de déclarer la guerre à l’Angleterre 13 .
Aryânâ M. Napoléon et l’Orient. Paris, Diss, 1995, pp. 62 à 68.
Ibid., p. 72.
Ibid.
Ibid., pp. 78 et 79.