E Une traduction peu claire
Comme nous avons pu le constater, la traduction de Nicolas est assez proche du texte original mais elle contient de nombreuses maladresses et lourdeurs qui peuvent décourager le lecteur d’autant plus facilement que le sujet traité est culturellement très éloigné du lecteur occidental dont l’attention ne peut même pas être captée par un intérêt littéraire. Afin de mettre ce fait en évidence nous nous permettons de comparer la traduction de quelques quatrains de Nicolas avec deux traductions littérales plus récentes qui ont opté pour le vers : celle d’Armand Robin
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et celle de R. Lescot
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‘ﻤﺎ ﺪﯿﻮﺍﻨﻪ ﺧﺮﺍﺒﺎﺗﻰ ﺮﻧﺪ ﻛﻰ ﻤﺎ ﻤﯿﺧﺎﻨﻪ ﺯ ﻨﺪﺍ ﺴﺤﺮﻯ ﺁﻤﺪ »
« ﻣﺎ ﭙﯿﻣﺎﻨﻪ ﮐﻨﻨﺪ ﭙﺮ ﻛﻪ ﭙﯿﺵ ﺁﻦ ﺯ ﻣﻰ ﺯ ﭙﯿﻣﺎﻨﻪ ﮐﻨﯿﻢ ﭙﺮ ﻛﻪ ﺒﺮﺧﯿﺯ’
‘J. B. Nicolas
41
: « Un matin j’entendis venir de notre taverne une voix qui disait : A moi, joyeux buveurs, jeunes fous ! levez-vous, et venez remplir encore une coupe de vin, avant que le destin vienne remplir celle de notre existence. »’
‘Armand Robin
42
: « A l’aube vint une voix de notre maison de vin :
« O gaillard qui t’arsouilles, notre fou !
« Debout ! remplissons notre coupe de vin
« Avant qu’on ne remplisse notre coupe de vie ! » »’
‘ﻤﺮﺍ ﮔﻮﻴﻴﺪ ﺠﺎﻢ ﻮ ﺷﺮﺍﺐ ﺰ ﺘﻠﻗﻴﻥ ﻣﺮﺍ ﺷﻮﯿﯿﺪ ﺒﺒﺎﺪﻩ ﺷﻮﻢ ﻔﻮﺖ ﭽﻮﻦ »
« ﻤﺮﺍ ﺠﻮﻴﻴﺪ ﻤﻴﻛﺪﻩ ﺪﺮ ﺨﺎﻚ ﺍﺰ ﻤﺮﺍ ﺠﻮﻴﻴﺪ ﺤﺷﺮ ﺒﺮﻮﺰ ﺨﻮﺍﻫﻴﺪ ’
‘J. B. Nicolas
43
: « lorsque je serais mort, lavez-moi avec le jus de la treille ; au lieu de prières, chantez sur ma tombe les louanges de la coupe et du vin, et si vous désirez me retrouver au jour dernier, cherchez-moi sous la poussière du seuil de la taverne. »’
‘Armand Robin
44
« Quand je serai mort, lavez-moi dans du vin !
Récitez sur mon corps la prière du sincère vin !
Si le Jour du Jugement vous voulez me trouver,
A la terre demandez-moi au seuil de la maison du vin. » ’
‘ﺮﺍ ﺍﻮ ﺨﻮﺍﻨﻨﺪ ﺪﻮﺍﻡ ﺒﺮ ﻨﻪ ﮔﺎﻩ ﮔﻪ ﺮﺍ ﺍﻮ ﺨﻮﺍﻨﻨﺪ ﻛﻼﻡ ﻤﻴﻬﻦ ﻛﻪ ﻘﺮﺁﻦ »
« ﺮﺍ ﺍﻮ ﺨﻮﺍﻨﻨﺪ ﻤﺪﺍﻢ ﺠﺎ ﻫﻤﻪ ﮐﺎﻨﺪﺮ ﺍﺴﺖ ﺮﻮﺸﻨﻰ ﺁﯿﺘﻰ ﭘﯿﺎﻠﻪ ﺨﻄ ﺩﺮ’
‘J. B. Nicolas
45
: « Le Koran, que l’on s’accorde à nommer
la parole sublime, n’est cependant lu que de temps en temps et non d’une manière permanente, tandis qu’au bord de la coupe se retrouve un verset plein de lumière que l’on aime à lire toujours et partout. »’
‘Armand Robin
46
: « Le Coran, qu’on appelle la Grande Parole,
On le lit de temps en temps, jamais tout le temps ;
Sur ce verre, en enluminure, un verset du Coran ;
Ce verset, on aime se le verser en tout lieu, tout temps ! »’
‘ﺍﺴﺖ ﺒﻮﺪﻩ ﻨﮔﺎﺮﻯ ﺰﻠﻑ ﺴﺮ ﺒﻨﺪ ﺪﺮ ﺍﺴﺖ ﺒﻮﺪﻩ ﺰﺍﺮﻯ ﻋﺎﺷﻖ ﻤﻥ ﭽﻮ ﻛﻮﺰﻩ ﺍﻴﻥ »
« ﺍﺴﺖ ﺒﻮﺪﻩ ﻳﺎﺮﻯ ﮔﺮﺪﻦ ﺒﺮ ﻛﻪ ﺍﺴﺖ ﺪﺴﺘﻰ ﻤﻰﺒﻳﻨﻰ ﺍﻮ ﮔﺮﺪﻦ ﺪﺮ ﻛﻪ ﺪﺴﺘﻪ ﺍﻳﻦ’
‘J. B. Nicolas
47
: «Cette cruche a été comme moi une créature aimante et malheureuse, elle a soupiré après une mèche de cheveux de quelque jeune beauté ; cette anse que tu vois attachée à son col était un bras amoureusement passé au cou d’une belle. »’
‘Armand Robin
48
: « Ce pot fut un jour ce que je suis : fol amoureux
Captif des cheveux d’une ravissante.
Cette anse qu’à son col on voit
Fut un jour un bras accolé. »’
‘ﺨﺩﺍﺴﺖ ﺨﺎﺹ ﺁﻧﻤﻪ ﻛﻪ ﺮﺠﺐ ﻧﻴﺰ ﻧﻪ ﺮﻮﺍﺴﺕ ﻧﻪﺸﻌﺒﺎﻦﻛﻪﻤﺨﻮﺮﺒﺎﺪﻩﮔﻮﻳﻧﺪ »
« ﻤﺎﺴﺖ ﺨﺎﺼﻪ ﻛﺎﻦ ﺨﻮﺮﻴﻡ ﺮﻤﻀﺎﻦ ﻤﺎﻩ ﺮﺴﻮﻞ ﻮ ﻫﺴﺖ ﺨﺩﺍ ﻤﺎﻩ ﻮﺮﺠﺐ ﺸﻌﺒﺎﻦ’
‘J. B. Nicolas
49
: « On m’engage à ne point boire de vin durant le mois de chèèban, parce que c’est défendu, ni même pendant le mois de rèdjèb, parce que c’est un mois consacré à Dieu. C’est juste ; ces deux mois appartiennent à Dieu et au prophète ; buvons-en donc dans le mois de rèmèzan, puisque c’est un mois qui nous est réservé. » ’
‘Armand Robin
50
: « ils disent tous : « Le mois de Chahban, pas de vin ! Ca va contre la loi !
« Puis le moi de Rajab, pas de vin, de Dieu c’est spécialement le mois !
« Chahban et Rajab sont les mois du prophète et du seigneur ! »’
‘Donc buvons pendant le mois du Jeûne, car il est nous ce mois ! » ’
‘ﮔﺮﻔﺖ ﺁﺮﺍﻢ ﺷﻴﺮ ﻮ ﻛﺮﺩ ﺒﺮﻩ ﺁﻫﻮ ﮔﺮﻔﺖ ﺠﺎﻯ ﺍﻮ ﺩﺮ ﺒﻬﺮﺍﻡ ﻛﻪ ﻘﺼﺮ ﺁﻦ »
« ﮔﺮﻔﺖ ﺒﻬﺮﺍﻢ ﮔﻮﺮ ﭽﮔﻮﻨﻪ ﻛﻪ ﺪﻴﺪﻯ ﺒﻛﻤﻧﺪ ﻤﻴﮔﺮﻔﺘﻰ ﮔﻮﺮ ﻛﻪ ﺒﻬﺮﺍﻢ ’
‘J. B. Nicolas
51
: « Ce palais où Bèhram aimait à prendre la coupe dans sa main (est maintenant transformé en une plaine déserte) où la gazelle met bas, où le lion se repose. Vois ce Bèhram qui, au moyen d’un lacet, prenait les ânes sauvages, vois comme la tombe à son tour a pris ce même Bèhram ! »’
‘Armand Robin
52
: « Dans ce palais où Bahram saisissait son verre,
Une biche met bas, un tigre saisit son sommeil ;
Bahram passa toute sa vie à saisir des ânes sauvages ;
Regarde ! voici Bahram par une tombe sauvage saisi. »’
‘ﺒﺴﻭﺧﺖ ﻭﻨﺎﮔﺎﻩ ﻔﺘﺎﺪ ﻏﻡ ﻛﻭﺮﻩ ﺩﺮ ﻣﻴﺩﻭﺨﺖ ﺤﻛﻣﺖ ﺨﻳﻣﻬﺎﻯ ﻛﻪ ﺨﻴﺎﻢ »
« ﺒﻔﺮﻮﺨﺖ ﺒﺮﺍﻴﮔﺎﻨﺶ ﻋﺠﻞ ﺪﻻﻞ ﺒﺒﺮﻴﺪ ﻋﻤﺮﺵ ﻄﻧﺎﺐ ﺍﺠﻞ ﻤﻘﺮﺍﺾ’
‘J. B. Nicolas
53
: « Khèyam, qui cousait les tentes de la philosophie, est tombé tout à coup dans le creuset du chagrin et s’y est brûlé. Les ciseaux de la Parque sont venus trancher le fil de son existence, et le revendeur empressé l’a cédé pour rien. »’
‘Armand Robin
54
: « Khayam, qui cousait les tentes de l’intelligence,
Dans une forge de souffrances tomba, subitement brûla ;
Des ciseaux coupèrent les attaches tentières de sa vie ;
Le brocanteur de destins le mit en vente contre du vent. »’
‘ﻘﺪﺮﺍﺴﺖ ﻮ ﻗﻀﺎ ﺪﺮ ﻛﻪ ﻏﻤﻰ ﻮ ﺷﺎﺩﻯ ﺍﺴﺖ ﺒﺷﺮ ﻨﻬﺎﺩ ﺩﺮ ﻛﻪ ﺒﺩﻯ ﻮ ﻫﺮﻨﻴﻚ »
« ﺍﺴﺕ ﺘﺮ ﺒﻴﭽﺎﺮﻩ ﺒﺎﺮ ﻫﺰﺍﺮ ﺘﻮ ﺍﺰ ﭽﺮﺥ ﻋﺸﻖ ﺮﻩ ﻛﺎﻧﺪﺮ ﺤﻮﺍﻠﻪ ﻤﻛﻦ ﭽﺮﺥ ﺒﺎ’
‘J. B. Nicolas
55
: « N’impute pas à la roue des cieux tout le bien et tout le mal qui sont dans l’homme, toutes les oies et tous les chagrins qui nous viennent du destin ; car cette roue, ami, est mille fois plus embarrassée que toi dans la voie de l’amour (divin). »’
‘Armand Robin
56
: « Les actes, mal ou bien, du genre humain,
Le bien, le mal que nous fait le destin,
Ne viennent pas du ciel, car le ciel est lui-même
Plus impuissant que nous à trouver son chemin. »’
‘R. Lescot
57
: « Le bien et le mal qui entrent dans la nature humaine,
Les joies et les peines qui sont notre lot,
N’en rends point le destin responsable, car en toute raison
Le destin est mille fois plus infortuné que toi. »’
‘ﺒﻠﺦ ﭽﻪ ﻮ ﻨﺷﺎﭙﻮﺮ ﭽﻪ ﺁﻤﺪ ﺒﻠﺐ ﺠﺎﻦ ﭽﻮﻦ ﺘﻠﺦ ﭽﻪ ﻮ ﺸﻴﺮﻴﻦ ﭽﻪ ﻋﻣﺮ ﻤﻴﮔﺫﺮﺩ ﭽﻮﻦ »
« ﺒﺴﻠﺦ ﻏﺮﻩ ﺍﺰ ﺁﻴﺪ ﺒﻐﺮﻩ ﺴﻠﺦ ﺍﺰ ﺒﺴﻰ ﻮﻤﺎﻩ ﻮ ﻤﻦ ﺍﺰ ﺒﻌﺪ ﻛﻪ ﻨﻮﺶ ﻤﻰ’
‘J. B. Nicolas
58
: « Puisque la vie s’écoule, qu’importe qu’elle soit douce ou amère ? Puisque l’âme doit passer par nos lèvres, qu’importe que ce soit à Nichapour ou à Bèlkh ? Bois donc du vin, car après toi et moi, la lune bien longtemps encore passera de son dernier quartier à son premier, et de son premier à son dernier. »’
‘Armand Robin
59
: « quand la vie s’en va, qu’est Balkh et qu’est Baghdad ?
Quand notre verre est plein, qu’importe que le vin soit doux, soit âpre !
Bois du vin ! La lune après toi après moi tant de fois
Du début à la fin du mois, du début à la fin des temps, brillera ! »’
‘R. Lescot
60
: « Lorsque la vie touche à sa fin, qu’importe douceur ou amertume ?
Lorsque la coupe est pleine, qu’importe Baghdad ou Balkh ?
Bois, car après nous, la lune souvent
Passera de son déclin à son croissant et de son croissant à son déclin. »’
‘ﺒﺎﺶ ﺨﻮﺶ ﻨﺷﺴﺘﻰ ﺍﮔﺮ ﺮﺨﻰ ﺴﺎﺪﻩ ﺒﺎ ﺒﺎﺶ ﺨﻮﺶ ﻤﺴﺘﻰ ﺒﺎﺪﻩ ﺰ ﺍﮔﺮ ﺨﻴﺎﻢ، »
«ﺒﺎﺶ ﺨﻮﺶ ﻫﺴﺘﻰ ﭽﻮ ﻧﻴﺴﺘﻰ ﮐﻪ ﺍﻴﻧﮔﺎﺮ ﺍﺴﺕ ﻨﻴﺴﺘﻰ ﺠﻬﺎﻦ ﻛﺎﺮ ﻋﺎﻗﺒﺕ ﭼﻮﻦ ’
‘J. B. Nicolas
61
: « O Khèyam ! quand tu es ivre, sois dans l’allégresse ; quand tu es assis près d’une belle, sois joyeux. Puisque la fin des choses de ce monde c’est le néant, suppose que tu n’es pas, et puisque tu es, livre-toi au plaisir. »’
‘Armand Robin
62
: « Khayam, si tu as du vin, trouve-toi bien !
Près d’une jolie à joues de tulipe, si tu es assis, trouve-toi bien !
puisque la fin des affaires du monde, c’est rien,
Dis rien à ce rien ! puisque tu vis, trouve-toi bien ! »’
‘ﺘﻔﺘﻰ ﺍﻨﺪﺮ ﺪﺍﻴﻢ ﭽﻬﺎﺮ ﻭ ﻫﻔﺖ ﺪﺮ ﻫﻔﺘﻰ ﻭ ﭽﻬﺎﺮ ﻨﺘﻴﺠﻪ ﺁﻨﻛﻪ ﺍﻯ »
« ﺮﻔﺗﻰ ﺮﻔﺗﻰ ﭽﻮ ﻨﻴﺴﺖ ﺁﻤﺪﻧﺖ ﺒﺎﺰ ﮔﻔﺗﻢ ﺒﻴﺷﺖ ﺒﺎﺮ ﭽﻬﺎﺮ ﻛﻪ ﺨﻭﺮ ﻤﻰ ’
‘J. B. Nicolas
63
: « O toi qui es le résultat des quatre et des sept, je te vois bien embarrassé entre ses quatre et ces sept. Bois du vin, car, je te l’ai dit plus de quatre fois, tu ne reviendras plus ; une fois parti, tu es bien parti. » ’
‘Armand Robin
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: « O toi, le produit du 4 et du 7,
Toi sans cesse en flamme à cause du 4 et du 7,
Bois du vin ! je t’ai déjà dit mille fois :
« Tu ne reviendras pas ! Une fois parti, tu ne reviendras pas ! » »’
‘R. Lescot
65
: « O produit des quatre éléments et des sept cieux,
Toi qui brûles de percer le mystère des chiffres sept et quatre,
Bois donc. Plus de mille fois je t’ai dit
Qu’il n’y a pas d’espoir de retour et qu’une fois parti, tu seras bien parti. »’
Nous pouvons constater que ces deux traducteurs plus modernes utilisent presque les mêmes mots et les mêmes phrases que Nicolas mais leur concision, leur style plus littéraire permettent de les rendre plus agréable à la lecture.
Compte tenu de ces remarques, nous pouvons comprendre pourquoi Gide a préféré à celle de Nicolas la traduction de Fitzgerald, proche par le style de celles que nous venons de citer : « Dans son texte, excessivement resserré, chaque quatrain prend un sens et un poids admirables. Aussi déçu que l’Ecclésiaste, lyrique à la façon du Cantique de Salomon, et pondéré comme ses Proverbes, Omar Kheyyam, à travers Fitz-Gerald, paraît un poète admirable
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. »Cependant la traduction de Fitzgerald, si intéressante soit-elle par sa forme, n’est pas sans poser problème du point de vue de son contenu, ce qui aura des conséquences sur la réception de Xayyâm en France. A la différence de Nicolas, Fitzgerald ne propose pas une traduction littérale. En effet «Fitzgerald told his friend Edward Byles Cowell, who had taught him Persian and given him a copy of the manuscript in the Bodleian library at Oxford, “my translation will interest you for its Form, and also in many respects in its Detail: very unliteral as it is. Many Quatrains are mashed together: and something lost, I doubt, of Omar’s Simplicity, which is so much a Virtue in him
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.” Nous pouvons citer à titre d’exemple un des quatrains les plus connus d’après M. Jerome H. Buckley :
‘“A Book of Verses underneath the Bough,
A jug of Wine, a Loaf of Bread-and Thou
Beside me singing in the Wilderness-
Oh, Wilderness were Paradise enow!”
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’
Fitzgerald a pris le parti de retracer quatrain après quatrain une journée de la vie de Xayyâm, ce qui lui a permis de condenser la conception de l’existence du poète telle qu’il la percevait. Ainsi au début de l’œuvre « le soleil se lève, la porte de la taverne s’ouvre, Khayyâm a l’air pensif et se plonge, peu à peu, dans la méditation en buvant. Il se plaint de la rapidité du temps et de la brièveté de la vie humaine ainsi que de l’existence ; il se montre révolté et tâche d’exprimer ses pensées et ses sentiments sur la vie et la mort. Puis il s’apaise petit à petit et, quand la nuit tombe et que la lune apparaît, Khayyâm continue toujours ses méditations. A la fin du poème de Fitzgerald, Khayyâm est en train de dire son testament
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. » Ainsi il est impossible que le lecteur de la traduction de Nicolas en ait la même perception des quatrains que le lecteur de Fitzgerald qui d’ailleurs n’a pas manqué de critiquer la traduction du Français : « Mons. Nicolas, whose Edition has reminded me of several things, and instructed me in others, does not consider Omar to be the material Epicurean that I have literally taken him for, but a Mystic, shadowing the Deity under the figure of Wine, Wine-bearer, etc., as Hafiz is supposed to do; in short, a Sufi Poet like Hafiz and the rest
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. » Nous pouvons ainsi remarquer que la querelle entre les partisans d’une interprétation mystique des quatrains et ceux d’une interprétation matérialiste est apparue très rapidement à la suite de ces deux traductions.