Chapitre II. La Perse dans la poésie de Victor Hugo

I Les Orientales

En parcourant Les Orientales, nous rencontrons quelques extraits du Golestân de Sa’di en exergue aux poèmes IX (« La Captive »), XXVI (« Les Tronçons du serpent ») et XLI (« Novembre »). Ces extraits sont les suivants :

‘« On entendait le chant des oiseaux
Aussi harmonieux que la poésie 89  » ; « D’ailleurs les sages ont dit : il ne faut point attacher son cœur aux choses passagères 90  » Et « Je lui dis : la rose du jardin, comme tu sais, dure peu ; et la saison des roses est bien vite écoulée 91  ». ’

Nous rencontrons également un vers de Hâfez en épigraphe au poème XXIX (« Sultan Achmet ») : « Oh ! permets, charmante fille, que j’enveloppe mon cou avec tes bras 92 . »

A la page 494 des Œuvres Complètes 93 de Victor Hugo, nous lisons que « le manuscrit des Orientales contient, juste après la page du titre, trois épigraphes [du Jardin des roses]. La première s’y trouvera en tête de Novembre […] » Donc, les deux autres épigraphes ont été retirées de l’édition de 1829. Ce sont les suivantes : « Que ferai-je donc ? Je puis composer un livre intitulé Jardin de roses, sur les feuilles duquel le vent d’automne n’étendra pas la main, et dont le printemps gracieux ne deviendra jamais sous la marche du temps un hiver stérile 94  ». Et « Il advient que je passai la nuit avec un de mes amis dans un jardin. C’était un lieu de délices, plein d’arbres charmants 95 . »

Nous pouvons nous interroger sur les raisons de la présence d’extraits des poèmes persans dans un recueil où « Hugo se borne au Proche-Orient auquel il annexe l’Espagne 96  ». Une fois seulement le nom de « l’Iran » a été cité dans le poème « L’Enfant » :

‘« Est-ce d’avoir ce lys, bleu comme tes yeux bleus,
Qui d’Iran borde le puits sombre 97  ? » ’

A l’époque où Hugo écrivait Les Orientales, parmi les six poètes cités dans l’appendice I, seulement une poignée d’ouvrages ont été traduits en français y compris Le Golestân de Sa’di. Néanmoins, en comparant Les Orientales avec les recueils de Sa’di et d’Hâfez, nous nous rendons compte qu’Hugo, dans quelques-uns de ses poèmes, s’est inspiré de ces poètes.

Notes
89.

Hugo Victor. Les Orientales, Les Feuilles d’automne. Paris, poésie Gallimard, juin 1992, « La Captive », p. 76.

90.

Ibid., « Les Tronçons du serpent », p. 123.

91.

Ibid., « Novembre », p. 178.

92.

Ibid., « Sultan Achmet », p. 133.

93.

Œuvres complètes de Victor Hugo, édition chronologique publiée sous la direction de Jean Massin, le club français du livre, tome troisième, 1967.

94.

Ibid., p. 495.

95.

Ibid.

96.

Les Orientales, Les Feuilles d’automne, éd. cit., p. 8 de l’introduction.

97.

Ibid., « L’Enfant », p. 102.