II Fleurs d’Orient

Parmi les œuvres de Judith Gautier sur l’Orient, nous pouvons citer Les Fleurs d’Orient. Ce livre, composé de plusieurs histoires, est paru en 1893. Une d’elles, Leïla, met en scène les aventures amoureuses d’un jeune garçon, Keïs, et d’une jeune fille de la tribu voisine,Leïla. Plusieurs personnes interviennent auprès du père de cette dernière pour lui faire accepter le mariage de sa fille avec Keïs. Or, le père de Leïla, déshonoré par les relations secrètes de Leïla avec Keïs et la mauvaise réputation qu’ils se sont ainsi attirée, refuse catégoriquement cette alliance et marie sa fille à un autre garçon. Dans un premier temps, Keïs perd la raison, ce qui fait qu’on lui donne le surnom de Medjnoun 342 , ensuite il meurt. Leïla ne survit que quelques temps.

De nombreux auteurs arabes et persans ont également raconté cette histoire qui, d’après Z. Safâ est inspirée d’une vieille légende arabe 343 . Or dans Leïla, le narrateur mentionne « les Persans » : « Et il lui sembla, disent les Persans, boire l’eau d’un fruit céleste 344 . »

Ailleurs, il fait allusion à « l’Iran » : « Il n’y a pas dans tout l’Iran une femme qui lui soit comparable 345 . »

D’après ces indices, l’histoire de Leïla se passe en Iran. Parmi les poètes persans qui ont raconté l’histoire de Medjnoun et Leïla, nous pouvons citer Nezâmi et Jâmi. En comparant les recueils de ces deux poètes avec Leïla de Judith Gautier, nous remarquons que cette dernière s’est inspirée du recueilde Jâmi. En effet, excepté quelques détails, l’histoire de Leïla se trouve entièrement dans le Medjnoun et Leïla de Jâmi. D’ailleurs, à l’époque où Leïla est paru, seul le recueil de Jâmi avait été traduit en français par A. L. Chezy, en deux parties, en 1807.

Notes
342.

Ce mot signifie insensé.

343.

SafâZ. Anthologie de la poésie persane (XI e - XX e siècle), textes traduits par Gilbert Lazard, R. Lescotet Henri Massé, Connaissance de l’Orient, Gallimard/Unesco, 1964, p. 154.

344.

GautierJudith. Les Fleurs d’Orient. Paris, Armand Colin et Cie, Editeur, 1893, p. 116.

345.

Ibid., p. 117.