Gobineau

Parmi les écrivains étudiés qui se sont inspirés de la littérature persane au XIXe siècle, Arthur de Gobineau (1816-1882) fut le seul auteur qui visita l’Iran et qui fut en contact direct avec toutes les couches de la population. Ceci grâce à son métier, mais aussi à cause de sa passion pour les langues et les cultures orientales. Déjà à 16 ans, il traduisait les poèmes de Ferdowsi. Il doit surtout ce goût à l’un de ses professeurs lorsqu’il était interne dans un collège en Suisse alémanique. En 1836, il suivit le cours de persan d’Etienne-Marc Quatremère au Collège de France et en 1838, il fit publier un article dans la Gazette de France sur la littérature persane.

Gobineau passa plusieurs années en Perse d’abord comme premier secrétaire lors du premier séjour, ensuite ministre lors du deuxième séjour. En effet, en décembre 1854, il apprit sa nomination comme attaché à la mission extraordinaire, envoyée à Téhéran. Cette mission avait pour but de renouer les relations entre l’Empereur des Français, Napoléon III et le Šâh Nâser-Ed-Din. Ce fut le 14 février de l’année suivante qu’il partira de Marseille pour la Perse pour la première fois. En 1858, ce fut le retour en France. Au mois d’août 1861, il repartit pour Téhéran mais cette fois-ci sans sa famille. Son deuxième séjour dura deux ans et il ne retourna plus jamais en Asie.

Durant ses deux séjours, Gobineau ne se contenta pas d’exercer ses fonctions officielles. Grâce à sa maîtrise du persan et des dialectes populaires, il entreprit également des recherches dans le domaine de la religion, de l’histoire et des mœurs du pays. Dans Les Religions et les Philosophies dans l’Asie Centrale, paru en 1865, il expliqua pour la première fois le babisme, secte moderne au XIXe siècle en Perse. Les chapitres XIII à XVI de cet ouvrage furent consacrés au théâtre religieux (Ta’ziye).

L’Histoire des Perses, publié en 1869, fut l’histoire des premiers Aryens vivant en Perse depuis leur origine jusqu’après la révolution d’Ardešir. Dans cet ouvrage, la famille, la société, les rois, les guerres, Zoroastre et sa doctrine furent étudiés par Gobineau. Le Mémoire sur l’état social de la Perse actuelle (rédigé à Téhéran en mars 1856) peut être considéré comme une suite succincte à l’Histoire des Perses. Nous trouvons des renseignements sur les sectes en Perse depuis l’islam jusqu’au XIXe siècle ainsi que des indications sur différentes langues et populations du pays.

Dans un brillant reportage, Trois ans en Asie (de 1855 à 1858), il raconta son voyage de Bouchir à Téhéran. Dans son ouvrage, Les Nouvelles Asiatiques, publié en 1876, il s’inspira des anecdotes, des légendes et des contes qu’il recueillit sur son chemin lors de ses voyages.