I Gide a lu les poètes persans

Gide a eu connaissance des principaux poètes persans qui l’ont beaucoup intéressé comme il l’a écrit dans la revue Parse :

‘« Je sais bien, qu’il ne nous parvient d’eux [des poètes persans], à travers les traductions, qu’un reflet dépouillé de chaleur, de couleur et de frémissement. Mais, comparant les traductions entre elles, me servant de l’allemand, de l’anglais, du français, je vous assure qu’il parvient encore, de ces étoiles, assez d’éclat pour nous laisser imputer leur grandeur.
J’ai pour ma part, vécu avec Sadi [sic], Ferdousi, Hafiz et Khayyam aussi intimement, je puis dire, qu’avec nos poètes occidentaux et communié étroitement avec eux - et je crois qu’ils ont eu sur moi de l’influence profonde, ils ont bu, et je bois avec eux, aux sources mêmes de la poésie 384 . »’

Ceci signifierait que non seulement Gide a lu les œuvres des poètes persans, mais de plus, il leur reconnaît une certaine influence dans son œuvre. Il n’en a pas fait une lecture superficielle puisqu’il a vécu « intimement » et a « communié étroitement avec eux ».

Pourtant, étant donné le nombre important de traductions de ces quatre poètes et le travail que représente leur comparaison, nous nous demandons si Gide a vraiment entrepris ce travail gigantesque ou bien s’il s’est servi simplement de quelques extraits. Au moment de la parution de cet article, le nombre de ces traductions s’élevait à presque une centaine 385 . Ces lectures ont eu une importance pour son œuvre comme nous l’avons indiqué précédemment 386 puisqu’il s’en est inspiré pour certains aspects, notamment pour la structure et pour certains thèmes dans Les Nourritures terrestres.

Notes
384.

Parse, n° 3, première année, 21 mai 1921, pp. 33-34 in André Gide et la littérature persane: recherches sur les sources persanes de l’œuvre de Gide par Honarmandi Hassan, publié par la Direction Générale des Publications, Ministère de la Culture et des Arts, Paris, novembre 1973, p. 127.

Dans notre étude sur Gide, nous n’avons pas traité les mêmes sujets que M. Honarmandi ou bien nous avons essayé d’approfondir certains thèmes évoqués par ce dernier.

385.

Voir l’appendice I.

386.

Voir le chapitre I : « La traduction des Quatrains d’Omar Xayyâm en France au XIXe siècle. »