Ferdowsi utilisa plusieurs sources, toutes persanes selon C.H. de Fouchécour 496 . La plus ancienne serait un Livre des rois en prose persane d’Abu Mansur, composé en 957 ap. J.-C. La seconde source aurait été fournie par Daqiqi, resté célèbre en Perse comme le précurseur de Ferdowsi, et le premier poète du Šâhnâme. En effet à la demande du prince sâmânide Nuh, Daqiqi avait entamé la rédaction d’un masnavi 497 , interrompu par la mort du poète qui fut assassiné au cours d’une nuit de débauche par un esclave trop aimé. En effet « depuis que la Perse était rendue à elle-même, elle se reportait avec passion aux souvenirs de son passé : malgré l’abîme infranchissable que l’islam avait mis entre son passé et son présent, et qu’elle-même n’aurait point voulu combler, l’eût-elle pu, elle aimait à réveiller tout ce monde de légendes, que la mythologie et l’histoire, remaniées par la poésie populaire, avaient accumulées sur ses héros imaginaires ou réels, les Féridun, les Guchtasp, les Rustam, les Alexandre, les Bahrâm. Les derniers rois nationaux avaient commencé cette œuvre, interrompue par la conquête arabe ; les nouvelles dynasties nationales la reprirent. Vers le temps où régnait en France le roi Hugues Capet, et où commençaient les Chansons de Geste, on avait réuni assez de matériaux pour en faire un livre continu que l’on appelait Le Livre des Rois. Mais ce livre était en prose : il lui fallait la consécration poétique 498 . » Lorsque Daqiqi mourut, il n’avait écrit qu’un millier de vers racontant la conversion de Guchtasp à la religion de Zoroastre et la geste du monarque, protecteur du prophète. Ferdowsi inséra ces vers dans son ouvrage à la demande du poète qui lui était apparu en rêve. Daqiqi n’avait pas les qualités nécessaires pour mener à bien cette entreprise, Ferdowsi disait de lui :
‘« De toutes les choses de ce monde, bonnes ou mauvaises, Daqiqi en a choisi quatre :La description de la nature dans la poésie lyrique iranienne du XI e siècle, thèse,p. 25.
Voir l’appendice I, III, D.
M. J. Darmesteter. Les Origines de la poésie persane, Paris, E. Leroux, 1887, p. 39.