B Xayyâm

Omar Xayyâm naquit entre 1040 et 1050 ap. J.-C. à Neyšâbur, une ville importante pour l’époque, où il vécut principalement et où il mourut en 517 de l’Hégire (1132 ap. J.-C.) Même si Xayyâm était doué pour les mathématiques et l’astronomie, c’est pour ses quatrains qu’il est connu à l’étranger. On lui en attribue de nombreux livres qui pour la plupart ne sont pas authentiques, le seul recueil digne de confiance est celui qui fut copié en l’an 865 de l’Hégire. Il se trouve à la Bodleian Librairy à Oxford et contient 158 quatrains. La première personne qui fit connaître Xayyâm à l’étranger fut Edward Fitzgerald qui traduisit les quatrains en anglais et les publia en 1859. En France, ils furent traduits par le consul de Rašt, J.B. Nicolas en 1867.

Dans l’ouvrage de Sâdeq Hedâyat 500 consacré à Xayyâm, nous pouvons lire que le poète est plus connu à l’étranger qu’en Iran où il est controversé par certains. Les personnes qui se sont intéressés à lui, aussi bien des orientalistes que des Iraniens, ont des avis différents : Nicolas le considère comme un soufi et Fitzgerald comme un matérialiste. Il est vrai que Xayyâm dans ses quatrains utilise des expressions soufies mais il s’appuie également sur la philosophie grecque du hasard et croit à une force supra naturelle que l’esprit humain ne peut pas connaître. On ne peut pas le considérer comme un ascète, c’est un philosophe qui aimait profiter de la vie, ce qui lui procurait équilibre et gaieté. Un tiers de ses quatrains lui ont été inspirés par le principe du « carpe diem » mais il est davantage préoccupé par la mort, le destin et l’absence de liberté face au destin, ses poèmes affirment un pessimisme et un scepticisme peu en accord avec l’Islam :

‘« Mets le temps à profit, un jour tu perdras le souffle de la vie,
Tu disparaîtras derrière le voile mystérieux du néant.
Bois, tu ne sais d’où tu es venu,
Divertis-toi, tu ne sais où tu iras 501 . »

« Le cercle où se place notre venue et notre départ,
Ne laisse voir ni principe ni terme.
Nulle ne saurait dire, en ce monde, au juste
D’où il vient, où il va 502 . » ’

Sâdeq Hedâyat ajoute qu’il fit l’éloge du vin très certainement pour montrer son opposition à la religion :

‘« La saison des roses, au bord de la rivière, près du jardin,
Quelques compagnons de plaisir, un être joli comme les houris...
Avance donc la coupe car ceux qui boivent dès le matin
Ne se mettent en souci ni de mosquée ni de synagogue 503 . » ’

Il est possible que la plupart des quatrains concernant le vin ne lui appartiennent pas, tellement ils semblent outranciers.

Le fait le plus célèbre de la vie de Xayyâm fut sa participation au groupe chargé par le Saljuxide Malekšâh (Jalâl ed-din) de réformer le calendrier persan. L’année solaire en usage en Perse restait d’un compte inexact avec le seul ajustement des jours épagomènes. Xayyâm adopta le principe de l’année bissextile tous les quatre ans et fit coïncider le jour de l’an avec l’arrivée du printemps.

Il laissa plusieurs ouvrages scientifiques : Méthode pour l’extraction des racines carrées et cubiques, Les tables astronomiques, Démonstration de problèmes d’algèbre et Traité de quelques difficultés des définitions d’Euclide.

Notes
500.

Hedâyat Sâdeq. [Introduction aux quatrains de Xayyâm], Téhéran, éditions Tâx, 1999, p 252 et pp. 257 à 261.

501.

Z. Safa. Anthologie de la poésie persane, traduction de R. Lescot, Gallimard/ Unesco, 1964, p. 139.

502.

Ibid. p. 138.

503.

Ibid. p. 139.