Sa’di, de son vrai nom Mošleh Ed-Din Abd-Allah, est né à Chiraz aux environs de l’an 606 de l’Hégire (1209 ap. J.-C.)Nous disposons de peu d’éléments véritablement crédibles sur son existence et nous devons souvent recourir aux indications qu’il a laissées lui-même dans son œuvre. Son père semble avoir appartenu aux milieux religieux de Chiraz mais Henri Massé 518 indique que « suivant le biographe Dawlatchah, [son père, Abdallah] se trouvait au service du prince Sa’d ebn e Zangi, [l’atabek régnant sur Chiraz, grand protecteur des Lettres], dont il aurait pris le surnom de « Sa’di ». Mais il est plus probable que ce fut le poète lui-même qui, par reconnaissance 519 , adopta ce surnom. » On dit que Sa’di perdit tôt son père. Le prince Sa’d, voulant aider le fils d’un ancien serviteur, l’envoya à Bagdad en 620-621 où il put être admis à l’université Nezâmiye 520 . Durant une période de plus de vingt ans, Sa’di poursuivit et acheva ses études de théologie et de littérature. Il partit ensuite pour un long voyage et se rendit en Iraq, en Syrie, au Hejaz, en Afrique du Nord et selon certaines sources en Inde, en Asie mineure et en Azerbaïjan. Ces voyages lui permirent d’acquérir une grande expérience 521 et de rencontrer des personnalités comme Molânâ Jalâl-Ed-Din Mohammad Molavi, le grand poète de Balx, Šeyx Safi’ ed din d’Ardebil, Homam Tabrizi et Amir Xosro de Delhi. Toutes les connaissances qu’il avait acquises lors de ses études, de ses voyages, de ses rencontres avec des personnes d’horizons très divers, Sa’di les mit dans ses deux ouvrages principaux, Le Bustân et Le Golestân qu’il dédia à Abubakr, le fils et successeur du prince Sa’d, ainsi qu’à son fils Sa’d ebn e Abubakr. D’ailleurs les deux seules dates qui semblent dignes de confiance à propos de Sa’di sont 655 (1257 ap. J.-C.), année de rédaction du Bustân et 656 (1258 ap J-C.), année de rédaction du Golestân. A partir de cette dernière date il est également assez difficile de savoir avec exactitude quelle fut la vie de Sa’di à Chiraz. Il ne cacha pas qu’il vécut de la faveur des riches 522 . Il fut lié aux milieux influents de l’époque : la cour, les poètes, les soufis, mais son œuvre montre qu’il partagea également la vie ordinaire des Chiraziens. Sa’di ne manqua pas de protecteurs et aurait bénéficié de la faveur des frères Joveyni à la cour mongole, en effet suite à l’invasion mongole le pouvoir des atabeks avait été supprimé en 686 (1287 ap. J.-C.). Sa’di était connu pour sa vertu, ses qualités d’écrivain et sa sagacité non seulement dans sa ville natale mais aussi dans toutes les autres villes du monde. Il mourut vers 690 (1291 ap. J.-C.) ou 694 (1295 ap. J.-C.) dans sa ville natale de Chiraz où se trouve son tombeau.
Essai sur le poète Sa’di, éd., cit., p. 6.
Šâhib Nâmeh (ed. Bacher, p.75) : « Mon père a passé sa vie à te servir. Moi, son fils, je me suis aussi dévoué à toi... Je n’en veux pas servir d’autre, car ce sont tes bienfaits qui m’ont nourri. »
A l’époque où Sa’di vint étudier, la Nezâmiyé jouissait d’un passé glorieux. Plusieurs des professeurs avaient composé des commentaires sur le Coran, de remarquables travaux sur la théologie, la jurisprudence.
« Comme Sa’di, voyage de par le monde, vide de toi-même; et reviens rempli de sciences » Bustân, 2326.
Golestân 401,2.