Du constat vers les remédiations

Ces constats nous amènent à prolonger la réflexion sur les types de remédiation que l’on peut apporter aux apprenants quand ils abordent les concepts fondamentaux et les modèles. Selon notre étude, certains aspects doivent être pris en considération pour une perspective d’amélioration de l’enseignement de la chimie.

Nous suggérons que, lors de l’introduction de nouveaux concepts, les enseignants ne se limitent pas à vérifier l’acquisition de la manipulation symbolique qui y est attachée, mais cherchent à voir si le lien avec le sens des concepts est effectivement établi. Quand, par exemple, une justification est demandée et que cette dernière peut être donnée au moyen d’outils symboliques élaborés (équation chimique, formule de Lewis etc.), il faut occasionnellement demander qu’un commentaire soit fourni. La mise en phrase de l’écriture symbolique nécessite de la part de l’apprenant une réflexion qui force à remonter au sens.

Les étudiants utilisent fréquemment des modèles inadaptés aux situations auxquelles ils doivent faire face. Nous l’avons pointé dans le cas de l’oxydoréduction pour lequel des modèles tels que celui de Le Chatelier, le modèle du couple de charges etc. ont été rencontrés, mais nous pouvons penser que cela se présente aussi dans d’autres domaines de la chimie. Présenter des situations pour lesquelles ces modèles conduisent à des incohérences ne suffit apparemment pas. Il semble qu’il faille prendre le temps de laisser les étudiants réaliser l’inadéquation du modèle et de son utilisation avec les observations, les mesures etc. Cela peut se faire de différentes manières mais tant que ce premier objectif n’est pas atteint, il y a fort à croire que l’abandon des modèles inadaptés ne peut être possible.

Une voie possible pour faire réfléchir les étudiants sur le modèle utilisé est de les aider à établir des liens entre les niveaux macroscopique, microscopique, mais également avec les niveau de modélisation, de mesures etc.. Nous avons noté que les élèves se limitent soit à la manipulation conceptuelle des objets microscopiques, soit à celle des modèles, mais que l’articulation des deux est rarement effective. Une explicitation de cette mise en relation dans l’énoncé d’une tâche peut être un moyen d’y parvenir.

Dans notre étude les apprenants paraissent réticents à changer leur modèle simpliste contre un modèle plus sophistiqué. Ceci témoigne que les limitations du modèle simple ne sont pas apparentes. Les enseignants doivent donc saisir toute opportunité pour les faire apparaître. C’est une des conditions pour que les apprenants puissent sélectionner le modèle approprié et l’utiliser.

La dernière proposition concerne l’usage des prédictions dont il semble qu’il soit fait trop peu usage. Certes une activité expérimentale est conçue pour que les élèves s’entraînent aux techniques expérimentales mais c’est également l’occasion de confronter l’étudiant aux conséquences de l’usage qu’il peut faire des modèles. Cette approche pédagogique semble d’autant plus recommandée que l’on cherche à faire évoluer les connaissances relatives aux modèles.