Conclusion.

Comme nous venons de le voir, le lecteur trouve des difficultés dans l'attribution du PDV à un focalisateur: en effet, bon nombre de passages dans le deuxième texte posent problème dans le sens où:

  • le lecteur se trouve devant un PDV où le focalisateur est explicitement mentionné, mais quelques lignes après, un autre PDV se trouve développé, sans focalisateur cette fois-ci;
  • parfois, le travail interprétatif du lecteur est rendu difficile à cause de l'emploi du pronom personnel "on"35, puisque au lieu de se trouver devant une structure comme:
‘X regarde....il entend... ’

, le lecteur se trouve devant:

‘X regarde....on entend...’

Ce qu'il faut noter aussi c'est que le travail interprétatif du lecteur est brouillé par les "omissions" du texte qui ne donne pas l'information nécessaire concernant la source du PDV qui, dans plusieurs exemples, reste absente; le lecteur est "mis au défi" de trouver cette source, mais à chaque fois il se heurte au "mutisme" du texte qui ne fournit aucune indication, surtout avec l'emploi du pronom indéfini "on" qui brouille encore son travail interprétatif.

Pour ce qui concerne le volet théorique, le postulat de A. Rabatel selon lequel il y a deux points de vue -celui du narrateur et celui du personnage:

‘Notre approche du PDV reposant sur une dialectique du sujet de conscience à l'origine des perceptions et de la référenciation des perceptions représentées nous conduit à abandonner la tripartition des focalisations, puisque seuls deux sujets sont à l'origine des perspectives narratives: le personnage et le narrateur. (1998: 9) ’

, cette bipartition suppose que dans un texte, et nécessairement, soit on se trouve devant le PDV du narrateur, soit celui du personnage; or nous avons vu que dans les deux textes de Désert, le lecteur n'arrive pas dans plusieurs fragments à attribuer le PDV, ni au personnage, ni au narrateur comme le suggère le postulat de A. Rabatel.

Notes
35.

Nous savons que le pronom personnel indéfini "on" est malléable dans le sens où il peut remplacer n'importe quel autre pronom personnel comme "nous", "il", "elle": dans les exemples que nous avons examinés ci-haut ce pronom peut référer soit à Lalla, soit à un autre personnage, ou encore au narrateur.