-les métaphores et les comparaisons:

Parfois, le lecteur se trouve devant des métaphores et des comparaisons attribuées au narrateur et qui dénotent sa subjectivité:

‘C'était un bruit qui allait au-delà des forces naturelles, un bruit qui déchirait le réel, et qui apaisait en même temps, le va-et-vient d'une scie immense dévorant le tronc d'un arbre. Chaque expiration douloureuse et profonde agrandissait encore la plaie du ciel, celle qui unissait les hommes à l'espace, qui mêlait leur sang et leur lymphe. Chaque chanteur criait le nom de Dieu, de plus en plus vite, la tête tendue comme un bœuf qui mugit, les artères du cou pareilles à des cordes sous l'effort. La lumière des braseros et la lueur blanche de la lune éclairaient leurs corps vacillants, comme si des éclairs sautaient sans cesse au milieu des nuages de poussière. p69’

Il est clair que dans le dernier exemple, le lecteur se trouve devant une série de métaphores mise sur le compte du narrateur avec:

Nous avons aussi ces comparaisons mises en avant avec "dans la tête tendue comme un bœuf qui mugit", et "les artères du cou pareilles à des cordes".

Même remarque dans l'exemple qui suit, où les "défilés" sont brûlants comme "les flancs d'un volcan":

‘Ils continuaient leur marche vers le nord, à travers les montagnes déchiquetées du Taïssa, le long des défilés brûlants comme les flancs d'un volcan. p245’

Ces métaphores et ces comparaisons démontrent que le narrateur -outre ses fonctions d'observateur-détenteur d'un point de vue, d'informateur du lecteur, et d'organisateur du texte (ou ce que nous avons appelé la construction textuelle)42, une autre fonction transparaît: c'est celle d'un narrateur-sujet du "discours", responsable et origine des métaphores et des comparaisons.

Notes
42.

Pour toutes ces différentes fonctions voir la partie "un narrateur non digne de confiance".