-le passé composé:

Selon C. Kerbrat-Orecchioni, ce temps verbal est un temps déictique exprimant la subjectivité du locuteur, et du narrateur dans notre cas:

‘la référence déictique est en général explicite dans le cas du PC. (Ibid. : 52). ’

Comme nous aurons l'occasion de le voir dans la partie consacrée au "temps", le passé composé est bien présent dans le premier texte de Désert; la preuve est qu'il inaugure les premières lignes de l'incipit:

‘Ils sont apparus, comme dans un rêve, au sommet de la dune, à demi cachés par la brume de sable que leurs pieds soulevaient. Lentement ils sont descendus dans la vallée, en suivant la piste presque invisible. p7

Les indices abondent, mais nous nous contentons de ces quelques exemples dans notre démonstration que le narrateur dans le premier texte de Désert est un narrateur dont la subjectivité est suffisamment débordante pour ne pas attirer l'attention du lecteur.

Dans le cas où on considérerait le premier texte de Désert comme une fiction romanesque, le postulat de E. Benveniste, selon lequel le narrateur est objectif dans "l'énonciation historique" (qui englobe entre autres le texte de fiction)où:

‘il s'agit de la présentation des faits survenus à un certain moment du temps, sans aucune intervention du locuteur dans le récit. (1966: 239).’

, donc le postulat de E. Benveniste ne résiste pas devant un texte comme celui de Désert:

  • qui donne la preuve que le lecteur peut rencontrer un narrateur "non objectif";
  • et qui apporte un démenti sur sa prétendue non-intervention dans la fiction romanesque.

Une autre hypothèse –toujours en confrontant l'hypothèse de E. Benveniste au texte- relèverait que le premier texte de Désert n'est pas de l'énonciation historique, mais tout simplement du discours témoignant la multiplicité des indices de sa subjectivité.

Une autre hypothèse dirait que le premier texte de Désert pourrait être aussi une sorte d' "hybride" combinant ensemble énonciation historique -l'objectivité- et discours -c'est-à-dire la subjectivité.