7.3. Importance des sens pour Lalla.

Lalla apparaît au lecteur comme un personnage dont les sens (en plus du regard) sont bien développés; témoignant ces exemples:

‘Lalla ne peut plus penser à rien d'autre qu'à ce qu'elle voit, ce qu'elle entend, ce qu'elle sent. p420’

Ce dernier exemple démontre bien que Lalla est un personnage dont les sens sont toujours en éveil, puisqu'elle ne pense "qu'à ce qu'elle voit, ce qu'elle entend, ce qu'elle sent".

‘Aamma parle un peu, par instants, en préparant la viande, et Lalla l'écoute, en même temps que les craquements du feu, les cris des enfants qui jouent autour, et les voix des hommes; elle sent l'odeur chaude et forte qui imprègne son visage, ses cheveux, ses vêtements. pp173-174’

, le sens auditif est fortement sollicité, attendu que Lalla écoute en même temps sa tante qui raconte l'histoire, "les craquements du feu, les cris des enfants qui jouent autour, et les voix des hommes"; le sens de l'odorat vient s'ajouter à l'auditif avec "elle sent l'odeur chaude et forte".

Dans les trois exemples qui suivent, le lecteur ne manque pas de noter que deux sens s'activent ensemble; il s'agit du regard et de l'ouïe:

‘Elle est heureuse parce que c'est tout à fait le moment d'entendre une histoire, comme cela, sur la plage, en regardant le feu qui fait clapoter la poix dans la marmite, la mer très bleue, en sentant le vent tiède qui bouscule la fumée, avec les mouches et les guêpes qui vrombissent, et pas très loin, le bruit des vagues de la mer qui viennent jusqu'à la vieille barque renversée sur le sable. p145 ’ ‘Quand elle a trouvé un coin où il n'y a pas trop de chardons ni de fourmis, elle s'étend sur le dos, les bras le long du corps, et elle reste les yeux ouverts sur le ciel. Il y a de gros nuages blancs qui circulent. Il y a le bruit lent de la mer qui racle le sable de la plage, et c'est bien de l'entendre sans la voir. Il y a les cris des goélands qui glissent sur le vent, qui font clignoter le lumière du soleil. Il y a les bruits des arbustes secs, les petites feuilles des acacias, le froissement des aiguilles des filaos, comme de l'eau. Il y a encore quelques guêpes qui vrombissent autour des mains de Lalla, parce qu'elles sentent l'odeur de la viande. p182’ ‘Elle monte tout à fait en haut des collines, si loin qu'on voit à peine la mer, comme une tache bleu sale entre les cubes des immeubles. Il y a une brume étrange qui flotte au-dessus de la ville, un grand nuage gris, rose et jaune où la lumière s'affaiblit. Le soleil descend déjà du côté de l'ouest, et Lalla sent la fatigue qui envahit son corps, le sommeil. Elle regarde au loin la ville qui scintille, elle entend son bruit de moteur, les trains qui roulent, qui entrent dans les trous noirs des tunnels. p270-271 ’
Exemple de la page 145 Exemple de la page 182 Exemple des pages 270-271
L'ouïe: le moment d'entendre une histoire; le bruit des vagues de la mer; les mouches et les guêpes qui vrombissent.


Le regard: en regardant le feu qui fait clapoter la poix dans la marmite; la mer très bleue; la vieille barque renversée sur le sable.
Le regard: il y a de gros nuages blancs qui circulent; les goélands qui glissent sur le vent, qui font clignoter le lumière du soleil; il y a encore quelques guêpes.

L'ouïe: il y a le bruit lent de la mer qui racle le sable de la plage; et c'est bien de l'entendre sans la voir; il y a les cris des goélands; il y a les bruits des arbustes secs; les petites feuilles des acacias; le froissement des aiguilles des filaos; quelques guêpes qui vrombissent.
Le regard: il y a une brume étrange qui flotte au-dessus de la ville; le soleil descend déjà du côté de l'ouest; elle regarde au loin la ville qui scintille.

L'ouïe: elle entend son bruit de moteur; les trains qui roulent.

Le sens de l'ouïe se trouve encore fortement mobilisé dans l'exemple qui suit, où Lalla écoute cinq éléments: les bruits qui viennent des montagnes, les cris des insectes, les sifflements des bergers, les bruits de craquements de la chaleur, et enfin le passage de vent:

‘Lalla s'assoit à côté de lui sur une pierre plate, elle écoute les bruits qui viennent de tous les côtés de la montagne, les cris des insectes, les sifflements des bergers, et aussi les bruits de craquements de la chaleur qui dilate les pierres, et le passage de vent. p168 ’

Dans l'extrait qui suit trois sens sont mis à contribution ensemble: ce sont l'ouïe, l'odorat et le regard:

‘Quand elle retourne près de la maison d'Aamma, elle entend le bruit clair du feu qui crépite, elle sent l'odeur exquise de la viande qui grille… Lalla regarde son visage à travers les flammes et les fumées. p173’

Le sens du goût est présent aussi (à côté de celui de l'odorat):

‘…elle cueille une poignée d'aiguilles pour le feu de Naman le pêcheur, et elle en met aussi quelques-unes dans sa bouche, pour mâcher lentement, en marchant. Les aiguilles sont salées, âcres, mais cela se mélange avec l'odeur de la fumée et c'est bien. p143’ ‘La poussière grise laisse un goût de pierre dans la bouche, et il faut sucer de temps en temps les petites herbes au parfum de citron… p167 ’

Comme nous venons de le voir, les indices sont assez nombreux pour orienter le lecteur dans son interprétation que les sens sont très importants pour Lalla.