4.2.3. Le même verbe conjugué à des temps verbaux différents.

Comme l'indique le sous-titre que nous avons choisi pour cette partie, il s'agit de voir de plus près comment un même verbe se trouve conjugué à des temps verbaux différents, ce qui ne manque pas d'attirer l'attention du lecteur.

Ainsi dans les deux extraits qui suivent, le verbe "marcher", qui réfère au même pronom personnel "ils" ("ils" renvoient aux nomades), est conjugué à l'imparfait, puis au plus-que-parfait:

‘Ils marchaient depuis la première aube, sans s'arrêter… p8 ’ ‘Ils avaient marché ainsi pendant des mois, des années, peut-être. p12.’

Même remarque dans les deux exemples qui suivent, où le verbe "arriver", conjugué à l'imparfait et au passé composé, se trouve lié au même pronom personnel "ils" ("ils" réfère aux nomades):

‘C'était là qu'ils arrivaient, maintenant, vers la grande ville de Smara.p16 ’ ‘Quand ils sont arrivés devant les puits devant le mur de pierre…p16 ’

Même mécanisme dans les exemples de la page 34 et 51, où le verbe "sentir" est utilisé respectivement à l'imparfait et au passé simple, et cela pour le même personnage (Nour):

‘Nour parcourait le campement, se faufilant entre les tentes. Il était étonné de voir tant de monde, et en même temps il sentait une sorte d'angoisse, parce qu'il pensait, sans bien comprendre pourquoi, que beaucoup de ces hommes, de ces femmes et de ces enfants allaient bientôt mourir. p34 ’ ‘Mais, à l'ombre des tentes, Nour aperçut les formes humaines: les vieillards, les malades qui tremblaient de fièvre malgré la fournaise, les jeunes femmes qui tenaient dans leurs bras des bébés et qui regardaient devant elles avec des yeux vides et tristes. Encore une fois, Nour sentit son cœur se serrer…pp50-51’

Dans les deux extraits qui suivent, le verbe "regarder" se trouve employé à l'imparfait et au passé simple, toujours pour Nour:

‘Presque sans ciller, il regardait maintenant la silhouette blanche du vieil homme...p40 ’

Nour regarda au-dessus de lui, à l'endroit où d'ordinaire on voyait les sept étoiles...p41

Il s'agit dans les deux exemples suivants de l'emploi du verbe "grandir" au passé simple et à l'imparfait, rattaché à "l'inquiétude":

‘Les jours suivants, l'inquiétude grandit encore dans le campement de Smara. p43 ’ ‘Mais l'inquiétude grandissait toujours, dans les bruits du campement... p45 ’

Même remarque dans les deux extraits suivants où le verbe "résonner", conjugué au passé simple et à l'imparfait, est lié à la "voix":

‘Quand Ma el Aïnine commença à réciter son dzikr, sa voix résonna bizarrement dans le silence...p57’ ‘La voix de Ma el Aïnine résonnait loin dans le désert...p59’

Dans l'exemple suivant, c'est le verbe "boire" qui se trouve conjugué successivement au passé composé et à l'imparfait, pour deux personnages différents, en l'occurrence Nour et l'aveugle:

‘Nour s'est penché vers l'eau, et il a bu à longs traits, sans reprendre son souffle. À genoux au bord du puits, le guerrier aveugle buvait aussi avidement. p230’

Au chapitre trois, le démonstratif "ce" combiné avec le verbe "être", est utilisé une première fois à l'imparfait, et une deuxième fois au présent,:

‘C'était le grand cheikh Lahoussine qui venait apporter l'aide des ses guerriers p250 ’ ‘C'est au matin que Nour fut ébloui. p253 ’

Toujours au même chapitre (chapitre trois), le démonstratif "ce", combiné avec le verbe "être" et lié à la particule de négation "ne", est conjugué au présent, mais aussi à l'imparfait:

‘Mais ce n'est que le surlendemain qu'ils sont arrivés..p250 ’ ‘Ce n'était pas l'odeur aigre et froide..p254’

À partir de la page 368, le verbe "attendre" est conjugué au passé simple et à l'imparfait, attaché aux "nomades": "attendirent"et "attendaient"; même remarque pour le verbe "courir" employé au passé composé et à l'imparfait qui réfère au même pronom personnel "il" ("il" renvoie à l'homme aveugle)"; tandis que l'expression "continuer à" se trouve d'abord au passé composé"a continué à courir", puis à l'imparfait "continuait à courir" (toujours pour l'homme aveugle):

‘Pendant deux jours, les hommes bleus attendirent, presque sans bouger, à l'abri de leurs tentes et dans les huttes de branches. Le vent chaud de l'été les couvrait de poussière, mais ils attendaient... pp368-369’ ‘Quand le guerrier aveugle a entendu son nom, il s'est mis à trembler, et des larmes coulaient de ses yeux brûlés. Il a couru droit devant lui, les bras écartés... ’ ‘...l'aveugle courait de toutes ses forces, en butant sur les pierres...’ ‘...et il a continué à courir vers l'endroit...mais l'homme continuait à courir en criant...p369’

Nous finissons avec l'exemple suivant où le verbe "chevaucher" appliqué à "l'observateur", est d'abord à l'imparfait, puis au présent de l'indicatif:

‘Tandis qu'il chevauchait aux côtés des officiers, l'observateur se souvenait du voyage de Camille Douls...p375’ ‘Tandis qu'il chevauche avec les officiers, l'observateur pense à tous ceux qui attendent la chute du vieux cheikh. p377 ’