L’interrogation et la négation

On trouve dans la langue chinoise tous les aspects de la modalité : l’assertion (l’affirmation et la négation), l’interrogation, l’exclamation, etc. Contraint par le volume, je ne déploie que les formes simples de l’interrogation et de la négation.

L’interrogation.

Il y a en gros trois sortes d’interrogation en chinois : l’interrogation exclusive, substitutive et sélective. La première renvoie aux questions auxquelles les réponses sont soit positives soit négatives. L’interrogation substitutive porte sur une information particulière et la réponse substitue l’information demandée au mot de question. L’interrogation sélective demande un choix entre les offres faites dans la question.

Nous allons étudier les deux premières sortes pour la raison de leur présence dans nos corpus.

1. Interrogation exclusive : Tu es déjà allé à Pékin ?
A. 北京 你 去 过?
Pékin – toi – aller – GUO, aspect d’accompli
Explication : L’intonation montante constitue le trait interrogatif. Sens caché : Cela m’étonnerait que tu sois déjà allé à Pékin.
B. 北京 你 去 过
Pékin – toi – aller – GUO, aspect d’accompli – INTERR
Explication : La particule吗MA constitue l’interrogation. Le questionneur n’a pas d’idée préalable concernant la réponse de sa question.
C. 北京 你 去 过
Pékin – toi – aller – GUO, aspect d’accompli – INTERR
Explication : La particule吧BA constitue l’interrogation. Sens caché : Je pense que tu y es déjà allé.
2. Interrogation substitutive
A.
(Phrase affirmative : Petit Wang arrive. )
小 王 来 了。
Petit – Wang – venir – LE, aspect d’accompli
Question : Qui arrive ?
来 了?
qui – venir – LE, aspect d’accompli
Réponse : Petit Wang.
小王。
Petit – Wang.
B.
(Phrase affirmative : Je bois du thé. )
我 喝 茶。
moi – boire – thé
Question : Qu’est-ce que tu bois ?
你 喝 什么
toi – boire – quoi
Réponse : Du thé.
(我 喝) 茶。
(moi – boire) – thé
C.
(Phrase affirmative : Je bois du thé vert. )
我 喝 绿 茶。
moi – boire – vert – thé
Question : Qu’est-ce que tu bois ?
你 喝 什么 茶?
toi – boire – quoi – thé
Réponse : Du thé.
(我 喝) 绿 茶。
(moi – boire –) vert – thé

Évidemment, pour poser une question du type exclusif, on a deux moyens : le lexique et l’intonation. Le choix peut indiquer l’état d’attitude du questionneur.

Dans la construction d’une question par nature substitutive, ‘le pronom indéfini interrogatif occupe la même place dans l’énoncé que l’élément sur lequel on interroge. Alors que dans la plupart des autres langues, ce type de question peut / doit s’accompagner d’un déplacement.’ (Alleton, Viviane, Alleton, Viviane, Grammaire du Chinois, 1997) Pour un apprenant adulte occidental du chinois, cette différence typologique pose un problème difficile à gérer. La construction d’une question interrogative implique de multiples tâches exigeantes.

D’abord, il doit savoir déjà construire dans bon ordre la phrase affirmative qui correspond à la phrase interrogative qu’il posera. Deuxièmement, il sait analyser les fonctions des éléments syntaxiques pour pouvoir remplacer le point linguistique sur lequel il veut poser la question par un pronom interrogatif approprié. Ce qui demande la prémisse qu’il ait les mots de questions dans son répertoire et sache la mobiliser par son choix. Et finalement, l’harmonisation de toutes les opérations engagées pour faire des modifications nécessaires et aller au bout de la tâche sans être distrait par l’un des facteurs.

On pourra en prévenir que cette construction est moins demandante quand le point d’interrogation se trouve en tête de la phrase, car d’un côté ce positionnement correspond à l’ordre habituel en langue maternelle, et d’autre part, il permet à l’apprenant de focaliser et de traiter dans le premier temps et séparément la tâche principale sur le mot de question.