La Grammaire Universelle et l’acquisition de la langue maternelle par l’enfant

Selon Chomsky, la donnée ne peut pas expliquer le fait que l’enfant puisse produire un nombre infini de phrases correctes dont une grande partie n’est jamais entendue par lui. En plus les données sont souvent de mauvaise qualité : elles sont souvent non grammaticales, non fluentes et trop simplifiées. En plus, selon White, les données seules ne donnent pas moyen à l’apprenant de juger l’impossibilité d’une certaine construction ; il faudrait des données négatives pour éliminer une mauvaise représentation syntaxique de la langue mais cette preuve négative est très rarement donnée à l’enfant. Voici donc le problème logique de l’acquisition de la langue maternelle : comment est-il possible que tous les enfants arrivent à acquérir complètement et avec aisance un système complexe de connaissances linguistiques en dépit des données imparfaites et en dépit de la capacité cognitive encore immature des enfants ? La réponse est l’existence de connaissances innées que constitue la Grammaire Universelle, c’est-à-dire la faculté de langage. Grâce à la GU qui forme le ‘statut initial’, l’enfant peut juger, malgré les défauts externes et internes, si un principe est opératoire, quel ‘setting’ d’un paramètre est correct et de quelle manière il doit le « fixer ».

White y rajoute la notion d’un ‘Subset Principle’, selon lequel l’enfant construit une grammaire conservatrice à partir de la valeur la plus restreinte d’un paramètre linguistique et puis agrandit cette grammaire jusqu’à la complétude. Ainsi l’enfant n’a pas besoin de données négatives pour corriger une sur-construction grammaticale.

Grâce à la Grammaire Universelle et au ‘Subset Principle’, l’apprentissage de la langue maternelle est ‘sans efforts’ et complètement réussi.

Sur la question de l’accès de l’enfant à la GU, il y a deux points de vue principaux. L’un est développemental, déclarant que les contenus de la GU sont soumis à la maturation, c’est-à-dire que certains principes et paramètres ne sont accessibles à l’enfant qu’à un stade particulier de l’acquisition. L’autre affirme que la totalité de la GU est accessible à l’enfant dès le début ; si l’acquisition n’a pas lieu instantanément, c’est à cause de l’interaction entre la GU et le mécanisme responsable pour le traitement des données, i.e. le ‘language parser’. Un principe n’est déclenché qu’au moment où l’enfant est capable de percevoir les éléments correspondants dans les données.