Les véritables universaux

Le fameux débat porte évidemment sur l’accès continu à la Grammaire Universelle mais est-ce que tout contenu dans la Grammaire Universelle s’agit d’universaux ? Regardons d’abord la définition du paramètre selon la théorie de la GU:  

« Some universal principles are ‘parameterized’: that is, they permit a finite set of options, which individual languages draw on and which thus define how languages differ. A language learner needs to discover which parameter settings apply in the target language. » (Ellis 1997)

Les paramètres formels définis dans la GU sont spécifiques aux langues même si la corrélation n’est pas biunivoque — les paramètres définissent d’une certaine manière les variations interlinguistiques.

Puisque la Grammaire Universelle comporte à la fois les principes et les paramètres, la question ne serait pas si l’adulte a encore accès à la GU car de parler de l’accès aux paramètres est d’une manière de parler de l’accès aux langues particulières. Cela n’a évidemment pas de sens. Il faut reposer la question mais sous quelle forme ?

Tout d’abord il me paraît important de ne pas paralléliser le ‘parameter-setting’ avec la typologie car cela dissimulerait des faits linguistiques très significatifs pour l’apprentissage. Nous allons donc étudier de plus près le rapport entre le paramètre pro-drop et ses settings.

Les langues dites du setting pro-drop permettent aussi largement des structures du setting non-pro-drop, ce qui montre que les paramètres ne servent pas à distinguer des langues.

Il se peut en effet que l’un des ‘settings’ d’un paramètre appartienne aux universaux par le fait que les enfants unanimement le préfèrent au reste des settings au début de leur apprentissage malgré la nature de leur langue maternelle — les véritables universaux sont donc ceux dans l’organisation cognitive par le langage. Si l’on acceptait que le pro-drop soit plus proche du noyau de la GU par opposition au non-pro-drop, on pourrait alors dire que celui-là s’agit de l’un des véritables universaux. Cette hypothèse renvoie à notre idée dans le chapitre précédent qu’il faut chercher les universaux dans l’état initial de l’acquisition par les enfants apprenant les langues et peut-être aussi dans les états initiaux des langues par des recherches diachroniques mais non pas synchroniques.